« 365 JOURS », L’ÉDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITÉ DU JEUDI 23 AOUT
Le cancer de l’occupation n’en finit pas de ronger ce qu’il reste de la
démocratie israélienne. Les derniers mois l’attestent. Le cas du jeune avocat
franco-palestinien Salah Hamouri est emblématique. Depuis 365 jours, il est
emprisonné, sans procès, sans savoir même ce qui lui est reproché. Une lettre
de cachet moderne pour une Bastille dans laquelle croupissent des milliers de
prisonniers palestiniens. Le gouvernement français a protesté… Sans effet sur
Tel-Aviv. Cela suffit-il ? La brutalité du gouvernement d’extrême droite de
Benyamin Netanyahou, appuyé sans réserve par Donald Trump, trouve mois après
mois de nouvelles illustrations. Les massacres se sont multipliés à Gaza contre
des manifestants désarmés. La colonisation se poursuit, spoliant les
populations palestiniennes de leur terre et de leur liberté d’y circuler. Un
mur de la honte balafre les territoires.
Tout récemment, l’instauration d’une loi fondamentale qui définit Israël
comme « État-nation du peuple juif » a suscité l’indignation de dizaines de
milliers de manifestants arabes, druzes et juifs, qui ont défilé en criant :
« On ne se taira pas ; l’apartheid ne passera pas. » Des personnalités comme
David Grossman, Amos Oz, A. B. Yehoshua, Etgar Keret et Orly Castel-Bloom ont
publié un texte solennel : « Il y a des transgressions qui doivent être jugées
par une cour. Mais il y a des péchés qui touchent l’âme du peuple juif et sa
patrie. » Elles dénoncent une loi « qui permet expressément la discrimination
raciale et religieuse », « qui contredit la définition de l’État comme État
démocratique et contredit la déclaration d’indépendance sur laquelle l’État a
été fondé ». Cette alarme est destinée tout autant au peuple israélien qu’aux
consciences du monde.
La mobilisation pour
libérer Salah Hamouri vise d’abord à mettre un terme à une injustice criante.
Elle est aussi le ferment d’une solidarité avec tous les démocrates
palestiniens et israéliens qui ne résignent pas à un avenir de prison et de
sang. La France devrait en être le flambeau.
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