" Soupçon de connivence ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité de ce jour !
Emmanuel Macron a, paraît-il, une
qualité extraordinaire : il fait ce qu’il a dit qu’il ferait. On nous l’a
répété à longueur de média en cette fin d’année. Ce don serait tellement hors
du commun qu’il se passerait de la moindre preuve, le regain de popularité du
chef de l’État dans les enquêtes d’opinion suffisant à en constater l’évidence.
Subtilement, un glissement s’opère ainsi au profit du président et de la
majorité les plus mal élus de la Ve République : la légitimité
d’une politique ne se mesurerait plus à son approbation par les Français, mais
au seul fait d’avoir été prétendument annoncée avant l’élection.
On pourrait aussi demander leur
avis à ceux qui font les frais de ces soit disant « promesses »
tenues, par exemple en interrogeant les salarié-e-s de chez Pimkie. Deux cents
d’entre elles et eux pourraient être remercié-e-s l’an prochain par la famille
Mulliez, les fondateurs d’Auchan, qui pointent au quatrième rang des fortunes
de France. Ces milliardaires propriétaires de la marque de vêtements auraient
toutes les raisons de dire « merci patron », puisque les ordonnances
leur donnent la possibilité d’éviter les tracasseries d’un plan social en cas
de licenciements économiques pour leur préférer la voie de la « rupture
conventionnelle collective », sans obligation de reclassement ni
indemnités supra-légales. Or non seulement de telles régressions sociales n’ont
jamais été évoquées pendant la campagne – le contenu des ordonnances ayant été
caché puis nié par ses auteurs une fois le texte dévoilé dans la presse une
semaine avant les législatives - , mais Emmanuel Macron avait aussi indiqué que
son projet de rendre le licenciement moins coûteux avait pour objectif de « lever
les freins à l’embauche d’un CDI »…On voit ce qu’il en est dans le cas de
Pimkie.
Le chef de l’État ne joue pas
plus franc-jeu que ses prédécesseurs. Être journaliste et affirmer le contraire
sans sourciller est problématique dans une démocratie malade du soupçon de
connivence du pouvoir et des « médias ».
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