" Contre-révolution girondine ", l'éditorial de Maud Vergnol dans l'Humanité de ce jour !
D’un côté, les métropoles, ces
territoires conquérants où devrait s’épanouir la « mondialisation heureuse ».
De l’autre, une immense « périphérie », des banlieues aux territoires
ruraux ou postindustriels, menacés de tomber en lambeaux sous les coups du
néolibéralisme. Partout, la métropolisation libérale produit les mêmes effets,
redessinant une carte de paysages dévastés par la désindustrialisation, d’autres
désertés par les services publics, où germe le sentiment d’abandon et de
déclassement…
Sous l’ère Macron, on ne parle
plus d’égalité entre les territoires mais de « cohésion ». Les
départements, comme les multinationales, sont désormais classés en « espaces
high po » (comprendre « haut potentiel », ou encore en « centres
de coûts ». « L’égalité qui ambitionne de créer de l’uniformité n’assure
plus l’égalité des chances entre les citoyens des différents territoires »,
lançait en juillet le nouveau chef de l’État lors de la première conférence des
territoires, pour annoncer, « en même temps », un nouveau « pacte
girondin ». Un double langage typiquement macronien qui masque mal la
reprise en main autoritaires des collectivités par le nouveau monarque. Tout est
pourtant minutieusement orchestré et parfaitement cohérent : mise sous
tutelle des budgets locaux, baisse drastiques des dotations, retour au contrôle
à priori des décisions, désintégration du logement social, suppression des contrats
aidés… « Nous allons nous imprégner de la réalité des territoires »,
a cru bon de lancer hier Édouard Philippe dans un énième coup de com qui
consiste à décentraliser Matignon dans le Lot.
Mais le premier ministre aurait
bien tort de se penser en terrain conquis dans un département où l’on croise de
moins en moins de services publics, où 19 écoles ont fermé en trois ans et où
les pompiers en sont réduits à embarquer des sages-femmes pour pallier la
fermeture des maternités. Loin de la novlangue technocratique, c’est cette
réalité que vivent une majorité de Français, à qui Emmanuel Macron avait promis
une « révolution » politique. Guizot plutôt que Robespierre…
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