" Mille milliards au soleil ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
Les 500 plus grandes fortunes
mondiales ont augmenté de 1000 milliards de dollars en un an, quatre fois plus
qu’en 2016. Quelle performance ! Pour y parvenir, il aura fallu des plans
sociaux, des cohortes de salariés surexploités, des besoins sociaux délaissés,
des territoires pillés, des pays en coupe réglée, des enfants brisés dans leurs
plus tendres années ! Les tableaux statistiques surplombent de grandes
drames et de petites misères. Demain, la plupart des grands médias l’auront
oublié et prêcheront avec conviction l’austérité et l’indécence des avantages
acquis. Toute l’habileté des Jeff Bezos, Bill Gates ou Warren Buffett est de
dissimuler que l’opulence des uns se construit sur l’exploitation des autres.
En France, les affaires vont bien
et elles iront encore mieux grâce à la corne d’abondance fiscale et aux
ordonnances qu’Emmanuel Macron destine particulièrement au club très sélect des
39 milliardaires français en dollars. Leur fortune a grimpé de 21% dans cette seule année 2017, pour atteindre
245 milliards. Les dix plus grandes fortunes françaises ont augmenté de 950% en
vingt ans, bien au-delà des 35% d’inflation. Tous nos petits ruisseaux,
convergent vers ces fleuves…On comprend mieux pourquoi le mot « ruissellement »
heurte les oreilles de notre président : l’injustice avance à pas
précautionneux. Elle est parée des fards de la modernité ou de l’efficacité. Elle
dissimule son être dans le paraître, égare l’attention dans de multiples
diversions. Plus que tout, elle déteste la politique, la prise en main des affaires
de la cité par la cité elle-même. La détester ou s’en détourner, c’est abdiquer.
Laisser cheminer sans entraves le long cortège des inégalités.
Le dramaturge allemand Bertolt
Brecht concluait : « De qui dépend que l’oppression demeure ? De
nous. De qui dépend qu’elle cesse ? De nous. »
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire