" La faute d'Oslo ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
Ce n’est pas une erreur, c’est
une faute. La France, à la suite de la Grande-Bretagne et des États-Unis, ne s’est
pas fait représenter, comme il est d’usage, par son ambassadeur lors de la
remise du prix Nobel de la paix, hier, à Oslo. Elle n’a dépêché qu’un diplomate
de second rang. Emmanuel Macron a ainsi affirmé son hostilité aux lauréats, les
militants de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires,
et à leur cause. Venant de Donald Trump, le geste allait de soi, le président
américain, ne cessant de jouer avec le bouton du feu atomique, lors de ses
chamailleries avec le tyran nord-coréen. Theresa May ose si peu se distinguer
de son puissant tuteur que son alignement ne surprend pas. Mais la France !
Pouvons-nous oublier le docteur
Folamour, alors que la Maison-Blanche est agitée par de folles pulsions ?
Des armements monstrueux, tapis dans des abris ou glissant dans les abysses,
continuent à faire peser le péril extrême sur la planète. Ils n’ont même plus
la justification de l’équilibre de la terreur qu’on nous rabâchait au temps de
la guerre froide. Ils alimentent, en revanche, la course de régimes aventureux
qui souhaitent s’en doter à leur tour. Ces 15 000 ogives nucléaires font
peser un risque inutile et coûteux sur notre avenir. Qui leur prêterait la
moindre efficacité face au terrorisme ? Qui croit encore qu’elles
pourraient peser en faveur d’une paix juste au Proche-Orient, pour résoudre des
conflits sanglants du Yémen ou du Congo ?
La sécurité collective exige d’entamer
de nouveaux processus de désarmement nucléaire. Pour les générations à venir,
pour nous et tous ces spectres, cette « procession des fantômes »,
les membres en lambeaux, les yeux énucléés ou encore les intestins sortant des
estomacs béants, qu’a décrite la rescapée d’Hiroshima qui a reçu les prix. Dommage
que le président de la République n’ait pas eu cette hauteur, celle de « l’avenir
au bien » pour lequel plaidait Elsa Triolet dans le Cheval roux, roman d’une
terre dévastée par le feu atomique.
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