" Modestes et inestimables ", l'éditorial de Michel Guilloux dans l'Humanité de ce jour !
Humanité, équilibre, honnêteté,
inconditionnalité de l’accueil…Ces mots, prononcés depuis mercredi, sont
tellement en phase avec l’idéal de la France, ce qui la distinguerait du reste
du monde quand elle trouve les ressources comme tant de fois dans l’histoire, d’être
plus grande quelle même. En ces temps de fin d’année en pente douce, ils
accompagnent l’aspiration de tant et tant d’habitants de notre pays à goûter du
répit de la trêve, qui rime avec rêve. Celui qu’une autre vie existe, et qu’elle
est dans celle-ci, aurait-on envie de dire, paraphrasant le poète. Ce rêve fou
qui prend parfois le nom d’utopie avant de devenir vague qui balaye la
fatalité, et que ce pouvoir entreprend avec méthode d’étouffer. Paul Éluard
nous mettait en garde par ailleurs contre « Le mensonge menaçant les ruses
dures et glissantes/Des bouches au fond des puits des yeux au fond des nuits ».
Ces mots, sortis des bouches du
chef de l’État et de son premier ministre, servaient en fait de tentative de
contre-feu, hommages du vice à la vertu, à la levée de boucliers autour des
dispositifs précédant la future loi sur l’immigration. L’encre à peine sèche,
le projet a dû déjà être raturé, par crainte…d’anticonstitutionnalité d’une de
ses dispositions. La volonté d’envoyer des fonctionnaires préfectoraux jusque
dans les centres d’hébergement humanitaire d’urgence révulse à juste titre bénévoles et responsables associatifs, pour
qui la solidarité n’est pas un mot creux, mais un engagement concret. Il s’agit
là d’« un tri inadmissible qui attente aux droits fondamentaux de la
personne humaine », écrivent trois anciens ministres socialistes ayant eu
la charge de ces dispositifs d’accueil. Gérard Collomb peut se prévaloir du
renfort du cousin de droite de François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde. On a
les soutiens qu’on mérite.
En Italie, des bourgades entières
revivent grâce au travail des migrants. À Vienne, les néonazis désormais au pouvoir
entendent leur faire la chasse, en priorité. En France, il y a ceux qui
pervertissent les mots et ceux qui les transforment en actes quotidiens,
modestes et instimables.
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