" L'alibi de la finance verte ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité de ce jour !
J’ai fait un rêve, dira peut-être
ce soir Emmanuel Macron. Celui d’un monde où la finance n’est plus « l’adversaire »,
comme un certain futur président de la République l’avait en son temps désignée
avant de se mettre à son service, mais l’amie de la planète et de ses
habitants. Le rêve d’un capitalisme enfin réconcilié avec les hommes te leur
environnement, où l’argent continue certes de couler à flots pour permettre aux
fortunes de s’amasser – c’est la nature même du capitalisme – mais pour le bien
commun. Ce rêve a un nom : la finance verte.
Dans la compétition impitoyable propre
au monde de la finance, même rhabillée aux couleurs de l’écologie, Emmanuel
Macron fait un autre rêve : celui de faire de la place de Paris le « leader
international du secteur. Le sommet international organisé aujourd’hui à l’Île
Seguin vise à montrer ce leadership auquel prétend la France. Du rêve de
puissance du – tout Paris de la finance à l’illusion d’un capitalisme propre :
il n’y a qu’un pas que la finance verte comble en forme d’alibi. Car la marché
des obligations dites vertes a beau être en pleine croissance, 99,9% du marché
obligataire mondial pèse 100 000 milliards
de dollars, restent celui des obligations traditionnelles qui n’ont que
faire d’un monde plus propre, constate un rapport d’Attac. Ensuite parce que
les investisseurs qui se targuent de miser sur la finance verte sont loin d’être
regardants sur l’impact écologique réel des projets qu’ils soutiennent. Dès lors,
le label sert surtout à repeindre à peu de frais une finance qui n’a de verte
que le nom.
C’est la rentabilité et non l’éco-responsabilité
qui guide aujourd’hui les choix financiers. C’est cela qu’il faut changer. Cela
veut dire non pas attendre que le capitalisme s’écroule, mais à commencer à la
transformer de l’intérieur en se battant pour d’autres critères de gestion des entreprises
et une autre politique d’investissement et du crédit, comme la disparition
récente de l’économiste communiste Paul Boccara est l’occasion de le rappeler.
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