" Les chômeurs en existence surveillée ", l'éditorial de Patrick Apel- Muller dans l'Humanité de ce jour !
« Nous avons une grande
tradition française ; celle de l’agenda caché, ou des trahisons
successives », a déclaré Emmanuel Macron, hier, dans la quotidien espagnol
El Mundo. Le document sur le contrôle des chômeurs, dévoilé cette semaine par
le Canard Enchainé, va prolonger cette histoire : de la flexisécurité ne
reste déjà que la flexibilité, et la protection promise aux salariés après le
saccage du Code du travail s’est évanouie. Doublement des sanctions, obligation
de remplir un rapport mensuel d’activité, surveillance renforcée, radiations
même au cas où deux formations ou petits boulots seraient refusés…L’auteur de
cette note confidentielle, Antoine Foucher, un ancien du Medef, ne s’est pas
creusé la tête. Il a puisé dans le stock des propositions de son ancien patron,
Pierre Gattaz.
L’objectif de cette mise en
examen des chômeurs répond à l’objectif de dégonfler les statistiques du
chômage. Mais elle vise plus fondamentalement à contraindre les privés d’emploi
à accepter n’importe quel poste, à s’engager sur un véritable toboggan social,
à admettre la précarité comme un nouveau mode d’existence. Déjà, un chômeur sur
deux n’est pas indemnisé.
Le paradoxe tient en ce que ce
formidable ébranlement des conditions de vie et de travail vise avant tout à la
conservation des privilèges des plus hautes fortunes, à la pérennisation de
profits gigantesques, à la perpétuation de la domination politique des nantis. Cette
contradiction constitue l’espace dans lequel le nouveau pouvoir peut se mouvoir
et qui prend à contre-pied les syndicalistes et les progressistes. L’émancipation
du travail doit devenir un objectif commun pour que, selon le mot de Jaurès, l’emploi
cesse d’être traité « comme une marchandise que les détenteurs du capital
acceptent ou refusent à leur gré ».
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire