« Plus que jamais unir contre le racisme », par Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
Après les accusations d'antisémitisme à l'encontre des militants du droit et de la paix.
Plus que jamais unir
contre le racisme », par Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
" Des responsables politiques
français et du gouvernement israélien nous accusent, à mots plus ou moins
couverts, de soutien au terrorisme et d’antisémitisme pour tenter de disqualifier
le combat que nous menons pour une paix juste et durable en Palestine. C’est
ignoble.
Je veux redire quelques faits
essentiels. D’abord sur la motivation profonde de notre combat, qui n’est autre
que le respect des droits du peuple palestinien à vivre en paix, dans un État
souverain aux côtés de l’État d’Israël. Ce que l’on nomme conflit « israélo-palestinien »
n’est pas un conflit religieux, mais un conflit politique et colonial,
dramatiquement aggravé par la politique de Benyamin Netanyahou. Ses efforts
continus et celui de son gouvernement pour la colonisation montrent qu’ils ont
abandonné tout objectif de processus de paix. La colonisation des territoires,
amplifiée depuis l’élection de Donald Trump, au mépris du droit international
et de toutes les résolutions de l’ONU, est pour Netanyahou la principale arme
de destruction massive de tout processus de paix visant la construction de deux
États, Israël et Palestine, vivant en paix. Ce qu’ils visent à travers la
négation des droits des Palestiniens et à travers leurs visées racistes et
destructrices, est un État ségrégué, non plus laïc et démocratique, qui serait
une grave impasse pour l’État d’Israël lui-même.
Ce conflit colonial s’enracine
dans les décombres d’autres conflits coloniaux plus anciens, hérités des ruines
de l’Empire ottoman dépecé par les puissances impérialistes britannique,
française et étatsunienne, qui, depuis cent ans, veulent forger le Proche et
Moyen-Orient, ses frontières intérieures, l’organisation sociale de ses
peuples, à l’aune de ses intérêts. Ces puissances impérialistes, et d’autres
aujourd’hui, s’appuient sur des forces nationalistes ou obscurantistes, des
puissances régionales émergentes, quitte à les renforcer contre les forces
démocratiques.
Le Liban, l’Irak, la Syrie…les
peuples kurde et palestinien, plus loin l’Afghanistan, en sont les plus grands
perdants, plongés dans des guerres dévastatrices, des années de terreur, de
pillage des ressources et d’humiliations.
Notre engagement est donc d’abord
celui pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, pour l’émergence
d’une solution à deux États souverains, laïcs et démocratiques. Ce combat est d’abord
un engagement pour le respect du droit international, des droits humains
fondamentaux et pour l’égalité. Notre engagement, à nous communistes, ici en France,
est un engagement pour la justice, le droit et la paix.
Ensuite, sur les ignobles
accusations d’antisémitisme, je veux redire clairement que je les ressens comme
une insulte personnelle inacceptable, que nous les ressentons comme une insulte
et une blessure indignes de l’histoire de notre parti. Les propos tenus qui
nous taxent d’antisémites cherchent à discréditer quiconque s’oppose à la
politique coloniale et discriminatoire de B. Netanyahou.
Pour nous, le PCF, l’existence d’Israël
n’est évidemment pas en cause, c’est la non-reconnaissance de l’État palestinien.
Pour nous, la lutte contre l’antisémitisme et la solidarité avec la lutte
contre l’occupation coloniale des territoires palestiniens ne sont pas des
combats contradictoires. Mais un même engagement pour le respect des droits
humains fondamentaux.
Comme des générations de
communistes qui nous ont précédés, nous sommes de ceux qui refusent de concéder
tout terrain à la haine du judaïsme et des juifs dans notre pays. L’antisémitisme
est un fléau, un délit, qui peut devenir, l’histoire l’a montré, le moteur d’un
indicible crime contre l’humanité.
Nous l’avons combattu hier pour
libérer notre pays du nazisme hitlérien, nous le combattons aujourd’hui et le
combattrons demain avec la même détermination.
Depuis des siècles la haine des
juifs fait des ravages dans notre pays. Mais cette haine trouve face à elle une
conception de la nation née en 1791 avec
la reconnaissance de la citoyenneté française à tout individu né sur son sol
indépendamment de sa religion. À différentes reprises dans notre histoire, de
Napoléon à Pétain, ce droit fondamental a été bafoué. Nous devons rester
mobilisés contre les résurgences de l’antisémitisme qui est au fond le même
racisme que celui qui frappe nos concitoyens musulmans.
Au nom de la République laïque
que nous défendons, nous combattrons sans relâche ceux qui veulent faire du
judaïsme ou de l’islam, l’un et l’autre, ou de toute autre religion, des
soi-disant « corps étrangers ». Toute violence faite aux croyants, et
faite à ceux d’entre nous qui sont juifs, ou à ceux d’entre nous qui sont
musulmans, demeure pour nous un affront fait à tous.
Nous refusons toute banalisation
de l’antisémitisme, de la haine de l’islam ou de toute croyance, de toute
culture ou origine, comme nous refusons de hiérarchiser les racismes,
xénophobies, atteintes à la dignité, les discriminations dont chacune et chacun
d’entre nous peut être le cible.
Nous combattrons cette conception
monolithique infondée qui hiérarchise les êtres humains, qui reste hermétique
aux réalités sociales, aux processus historiques qui font qui font que les
cultures se reforment sans cesse au contact les unes des autres. Il y a quelque chose de morbide chez ceux qui
croient que la culture n’est que tradition, alors qu’elle n’est qu’invention.
Nombreux dans nos rangs ont été,
depuis la création du PCF, aux côtés de générations de militants qui croyaient
au ciel et ceux qui n’y croyaient pas, comme disait Aragon, des militants de
toutes croyances qui s’engagèrent pour que la France soit une communauté de
femmes et d’hommes libres et égaux, pour la justice sociale et contre l’exploitation
et les dominations. Pendant la Résistance, c’est d’abord dans nos rangs que,
Français, immigrés juifs d’Europe centrale, républicains espagnols, immigrés d’Afrique
du Nord et d’ailleurs, elles et ils s’engagèrent pour libérer la France et réinstaurer
une démocratie, notre République. L’antiracisme nous a construits, et a construit
le meilleur pour la France. Nous sommes fidèles à notre histoire.
L’heure n’est pas à élever des
murs qui se retourneront contre tous. Il y a quelques jours, 60 000 militants
d’extrême droite ont défilé bras tendus en Pologne contre l’islam, contre les
migrants, tandis que des milliers meurent en Méditerranée, croupissent dans des
camps en Hongrie, ou sont réduits en esclavage en Libye. Ces mêmes 60 000 néonazis
défileront peut-être demain, brandissant la haine des juifs comme leurs
grands-pères le firent dans les années 1930 et 1940.
Face à ces dangers nous voulons
plus que jamais unir contre le racisme et pour le respect des droits humains
pour tous. Et aucune haine ne nous détournera de ce combat, en France, en
Europe, en Israël et en Palestine, comme partout ailleurs dans le monde ".
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