« Que d’entourloupes ! », l’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité de ce jour !
Faire
croire qu’une discussion sur le poids ou la couleur des chaînes fait une
négociation ou un compromis est une funeste imposture. Le pouvoir a décidé seul
de détruire le principe d’un système de retraite solidaire par répartition et il
demande de débattre du niveau et des modalités de la régression sociale. Pire,
convoquant hier matin les acteurs sociaux, il faisait fuiter l’information
selon laquelle la loi anti-retraite solidaire est déjà à l’examen du Conseil d’État.
Raison de plus pour amplifier les mobilisations conte ce mépris gouvernemental.
Cette posture rigide vise la reddition des syndicats, associations, mouvements
féministes et d’une majorité de nos concitoyens pour imposer un système
individualisé de retraite au rabais, pompeusement et indûment affublé d’un
vernis « universel ». Quand plus de 300 000 hauts salaires sont
appelés à faire sécession de la solidarité nationale pour aller garnir les
portefeuilles des fonds de pension et ouvrir la voie à la capitalisation, le
mot « universel » n’est que supercherie. Voici que sort du chapeau un
projet de « conférence financière ». Autrement dit, le gouvernement
présente une loi en janvier, qu’il veut faire voter en procédure accélérée ou
par décret, sans parler de l’âge de départ en retraite ni du niveau des
pensions, mais il présentera la facture à l’automne lors du débat sur la loi de
financement de la Sécurité sociale. Celle-ci comportera évidemment…le recul de
l’âge ouvrant droit à la retraite. D’ailleurs aucun ministre ne répond à cette
question simple : à quel âge aura-t-on droit à la retraite et pour quel
niveau de pension ? Cet enjeu est entièrement lié aux problématiques
générales concernant le travail, sa rémunération, l’égalité entre les femmes et
les hommes, le niveau de cotisation des employeurs sans cesse abaissé, et la
contribution des revenus financiers.
Ce n’est
donc pas une « conférence financière » qu’il faut organiser, mais,
sans attendre, « une conférence sociale » sur l’ensemble de ces
enjeux, se substituant à l’actuel projet destructeur. Elle porterait une nouvelle
cohérence de progrès, pour une Sécurité sociale de haut niveau, gérée par les
salariés eux-mêmes. Elle inclurait un développement industriel et agricole, le
déploiement des services publics, l’impulsion de nouveaux investissements dans
la transition environnementale et numérique créateurs d’emplois stables et
correctement rémunérés. Tel serait le chemin de la démocratie et de la
modernité.
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