« L’écho d’un pays », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité de ce jour !
Il se
montre inflexible, mais les revers s’accumulent pour le gouvernement. Avec l’annonce
d’une prétendue suspension de l’âge pivot dans sa réforme des retraites, l’exécutif
espérait qu’au pourrissement du conflit s’ajoute le décrochage de certains
syndicats dits « réformistes ». Il s’agissait de faire d’une pierre
deux coups : imposer son projet et désigner les « bons »
interlocuteurs, ceux avec qui l’on peut négocier le démantèlement du système social.
En quelques jours l’affaire serait pliée. Cette stratégie un peu éculée se
heurte, jour après jour, à la détermination des travailleurs. Et le front
syndical ne s’est pas fissuré.
La polyphonie
des leaders syndicaux dans nos colonnes aujourd’hui en atteste. Leur union,
depuis le début du mouvement, représente à elle seule un événement qui en dit
long sur la profondeur de la colère. Il n’est pas si courant le syndicat
représentant les cadres, qui constituent la base électorale initiale du
macronisme, élever le ton de cette manière.
Ce chœur
syndical, le gouvernement serait bien inspiré de l’entendre, car il est l’écho
d’un pays qui ne désarme pas. D’une société qui cherche un autre horizon.
Les grands
médias ont beau jouer tous les matins le refrain d’une « exaspération »
des Français, après quarante-trois jours, 60% des Français soutiennent encore
la grève, et c’est tout à fait remarquable. Dans la mobilisation elle-même, la
détermination dépasse de beaucoup les dépôts SNCF, RATP et les raffineries. Dernier
exemple en date, les avocats, que le gouvernement a cru pouvoir acheter hier en
leur proposant de piloter eux-mêmes une réforme qu’ils refusent, ont rejeté ce
jeu de dupes. Ils dénoncent au passage le procédé consistant à faire mine de
répondre à des revendications pour délégitimer leur grève. Rien n’y fait. Les
robes d’avocats valsent comme les blouses blanches de personnels hospitaliers
excédés. C’est de ce côté-là qu’il faut chercher les signes de ras-le-bol :
une politique injuste doublée de méthodes de plus en plus vécues comme
détestables.
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