« Nos vœux combatifs » (Patrick Le Hyaric)
Pour la seconde année consécutive, nous présentons à chacune et
chacun d’entre vous nos meilleurs vœux dans un climat de mobilisation populaire
pour la justice, le progrès social et environnemental. Ces vœux sont au
diapason de ces exigences pour l’égalité, la solidarité, la dignité et le
sursaut démocratique.
Dans le sillon des luttes syndicales de l’automne 2018 et du
mouvement des gilets jaunes, l’actuelle mobilisation pour un système de
retraite solidaire moderne se déploie à partir de la sphère du travail, non pas
pour défendre des « archaïsmes » mais pour empêcher la « dé-civilisation ». Le
niveau de la lutte est donc très élevé. Elle oppose l’intérêt des puissances
d’argent à celui des travailleurs du public comme du privé. Elle aura des
conséquences pour l’avenir car les grands enjeux sur la durée du travail, sa
rémunération, son sens, la pénibilité, l’enseignement la formation comme ceux
de la santé sont sur la place publique.
Les progrès techniques, médicaux, l’amélioration de la
productivité et l’augmentation continue de la valeur des richesses produites
doivent-ils être mis à disposition de celles et ceux qui en sont les
producteurs et de la transition environnementale ou doit-on accepter qu’ils
soient accaparés par la haute finance internationale ? La contre-réforme des
retraites n’a en effet pour objectif que de satisfaire les appétits des rapaces
de la finance à l’affût des énormes sommes qui y sont dédiées grâce aux
cotisations qui représentent aujourd’hui une part de salaire « différé ». Voilà
ce sur quoi lorgnent les fonds financiers et les grandes compagnies
d’assurances qui ont l’impudence de ne pas rester discrets tant ils pensent
être assurés que leurs commis politiques sont maîtres du jeu.
Mais le mouvement constitue déjà pour ce pouvoir servile un
échec flagrant : faire croire que l’on a organisé depuis deux ans une «
concertation » pour déboucher sur un rejet aussi massif commence à faire
trembler dans les salons cossus des ogres de la finance. C’est la raison
principale de cette stupide et dangereuse stratégie du pourrissement, des
négociations souterraines, des accords partiels qui sont autant de coups de
canifs dans un système prétendument « universel ». Se gargariser des mots «
équité », « égalité », ou « justice » pour mieux éparpiller leurs cendres dans
le tombeau ouvert par les marchés financiers ne trompe plus grand monde. Car
cette contre-réforme, en œuvre à partir des directives bruxelloises dans tous
les pays européens, vise à franchir un pas supplémentaire vers la création d’un
« marché des retraites européen ».
Le second échec cuisant du pouvoir tient à son obligation de
reculer dès lors que le mouvement met le doigt sur ses mensonges à propos des
enseignants, des policiers, des militaires, des pilotes de lignes, des agents
de la fonction publique, ou de cette énormité à propos des salaires supérieurs
à 10 000€ au-delà duquel le taux de cotisation descendra à 2,8%, créant des
déficits aux caisses communes, ouvrant la voie à la capitalisation.
Ces fausses nouvelles, ces contradictions, la démission
rocambolesque et coupable du ministre en charge de ce forfait, les trucages de
prétendus simulateurs ont fini de briser la confiance dans le pouvoir et
provoque cette vague populaire de rejet. Celle-ci se manifeste de différentes
manières, de la grève à la manifestation, des « gréveillons » au soutien
financier aux grévistes. La détermination à gagner se renforce dans toutes les
discussions, par la découverte des enjeux et des conséquences de ce funeste
projet. L’Humanité y joue un rôle utile de révélation et d’analyse. Elle est un
lien entre les diverses catégories sociales comme entre les assemblées
générales des différents secteurs dans l’action.
L’amplification et l’élargissement du mouvement sont maintenant
la condition pour obtenir le retrait et un débat approfondi sur les moyens
d’une protection sociale et d’une retraite à la hauteur des conditions et
moyens de notre temps. La grande journée d’action le 9 janvier en sera une
étape décisive.
Bonne année à toutes et tous !
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