« La décoration complice », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité de ce jour !
Mépris ?
Arrogance ? Il y a de tout cela dans cette décision du premier ministre d’élever
au grade d’officier de la Légion d’honneur Jean-François Cirelli. En plein
conflit historique sur la réforme des retraites, l’influent président de la
branche française de BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde et
apologiste du système par capitalisation, se voit honoré par le chef de l’exécutif.
Quel symbole. Et quel aveu. Certains parleront d’un geste anecdotique, d’un
hasard de calendrier. Il n’en est évidemment rien. Dans ce monde de la
prédation financière, les rosettes à la boutonnière viennent parachever des
années de lobbying. Et, bien souvent, sceller une complicité de vue.
S’il
l’avait voulu, Édouard Philippe aurait pu jouer les précautionneux, renoncer,
au vu de la période, à cette distinction dont il savait qu’elle susciterait des
réactions. Il ne l’a même pas fait. Cela en dit long sur le sentiment d’impunité
qui l’anime. Et sur les priorités de ce pouvoir macroniste qui n’aime rien tant
que d’avancer masqué. En arrière-plan de la fermeté qu’il impose aux
détracteurs de sa réforme des retraites, se révèlent, jour après jour, les
liens étroits que cultive le sommet de l’État avec les patrons de fonds de
pension. Début décembre, notre journal révélait les suggestions de BlackRock au
gouvernement pour mettre en place un système laissant toute sa place à l’épargne
par capitalisation, notamment en utilisant certaines mesures fiscales de la loi
Pacte. Hier, le Canard enchaîné contait la réception en grande pompe par l’Élysée
et Matignon de Larry Fink, président-fondateur de BlackRock…Une vraie communion !
Cette
idylle doit alerter chacun d’entre nous. Les intentions de BlackRock sont
connues. La multinationale lorgne quelque 5400 milliards d’euros d’actifs
financiers que possèdent les épargnants français. Face à cette offensive qui
vise à mettre à bas le système par répartition et ouvrir le « marché »
de la retraite aux appétits du privé, le gouvernement ne fait même plus
semblant. Il joue les facilitateurs. Et sort désormais les décorations. Écœurant.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire