« Le Versaillais de la finance », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !
L’orgueil de classe est sans limite et exonère de tout état d’âme. Symbole dévastateur: ce lundi, à Versailles, Emmanuel Macron reçoit donc l’entre-soi de la finance mondiale et régalera 200 PDG de l’hyperpuissance capitalistique globalisée, des milliardaires en route sur le chemin pavé d’or de Davos, assumant jusqu’au mépris absolu ce que nous nommerons «le choc des mondes». L’ancien banquier de l’Élysée, n’est pas le moins légitime pour mettre en cohérence son attention en faveur des «premiers de cordée» et une opération de com de prestige, fût-elle gênante en plein mouvement social. Le peuple, lui, sait à quoi s’en tenir depuis longtemps: le «président des riches» porte bien son épithète…
Le tapis rouge ainsi déroulé a quelque chose d’obscène. Comme si Macron incarnait mieux que quiconque cette célèbre phrase de Karl Marx: «Toute classe qui aspire à la domination doit conquérir d’abord le pouvoir politique pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l’intérêt général.» Tandis que, jamais à ce point, le système économique et financier mondial, inégalitaire et climaticide, n’a été autant remis en question, certains se contentent des intentions de notre ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, en partance lui aussi pour Davos, qui ose appeler à un «nouveau capitalisme» censément «plus juste». On connaît la musique, façon pipeau, à l’heure où l’organisation non gouvernementale Oxfam publie un rapport accablant. 1% des plus riches ont déjà capté près de 30% de la croissance des revenus en quarante ans. Et ils continuent de voler l’humanité sans vergogne: 2 153 milliardaires détiennent désormais l’équivalent de… 4,6 milliards de personnes. Les crises sociales et écologiques puisent bel et bien leurs racines dans ce pillage éhonté et dans des décennies de politiques d’affaiblissement des acquis sociaux, d’absence de redistribution et de partage des richesses.
Ne nous trompons pas. Ces puissants-là théorisent et organisent ce «choc des mondes». Macron, le Versaillais de la finance, en est la preuve active.
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