« Irresponsable », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !
L’infatué narcissique a encore frappé. Et cette fois, Donald Trump ne menace pas seulement les intérêts démocratiques fondamentaux de sa propre nation, mais bien l’équilibre de toute une région – le Moyen-Orient – et, par prolongement, une partie de la paix mondiale. L’histoire nous a enseigné, à maintes reprises, que certains assassinats enflamment parfois des pays, des continents, et anéantissent tous les espoirs de dialogue. L’élimination surréaliste du général Qassem Soleimani, figure majeure du régime iranien, chargé des sombres opérations extérieures et sorte de proconsul de Téhéran à Bagdad, marque une escalade inconsidérée dans le conflit «de l’ombre» que se livrent les États-Unis et l’Iran. Quoi que nous pensions du régime iranien et du supplétif ainsi tué militairement, cet acte restera comme une pure folie pouvant conduire à un irréparable engrenage aux conséquences impossibles à mesurer. Le meurtre assumé d’un haut responsable, considéré par beaucoup comme le vrai «numéro 2» de son pays, dignitaire d’un État constitué, n’est en effet rien d’autre qu’une déclaration de guerre ouverte.
Résumons. Par la décision d’un président irresponsable, sans consultation du congrès, la première puissance militaire du monde attaque directement un général iranien et, désormais, des groupes au service de l’Iran combattent ouvertement pour venger ce général: il ne s’agit plus d’une guerre par procuration, mais bien d’une guerre directe, qui révèle le chaos et l’incohérence du Bureau ovale comme son besoin de diversion dans la perspective d’un procès en destitution au Sénat. Même en y réfléchissant par l’absurde, l’éventuelle part de «stratégie» dans cette attaque semble, une fois encore, ensevelie sous les tonnes d’impulsions contradictoires de Trump, mû par ses instincts les plus vils.
Cette poudrière infernale annonce un nouveau désastre dans ce Moyen-Orient meurtri par quarante années de destructions, en particulier pour le peuple irakien. Si la communauté internationale doit réagir vite et mieux, Emmanuel Macron se grandirait s’il exigeait sans attendre une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer les agissements de Trump et tenter d’éviter un embrasement mortifère – promesse d’une guerre et d’une nouvelle course aux armes nucléaires.
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