« ASSEZ DE CACHOTTERIES » !, L’ÉDITORIAL DE SÉBASTIEN CRÉPEL DA NS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !
Le gouvernement ne cesse de répéter qu’il n’a rien à cacher, et accuse ses détracteurs de répandre de folles rumeurs sur les pertes qu’occasionnerait le passage à son système de retraite par points. Alors, à la veille de l’examen du projet de loi en Conseil des ministres, pourquoi continuer à dissimuler les neuf cents pages de l’étude d’impact chargée de mesurer les effets de la réforme sur les pensions et l’âge de départ ?
Des fuites
opportunes ont permis à certains titres de presse – l’Humanité n’en fait pas
partie – de disposer de « bonnes feuilles » dans lesquelles, ô surprise, la
plupart des futurs retraités auraient tout à gagner à la réforme. Mais les
parlementaires n’ont toujours pas pu voir cette étude. Pourtant, les questions
sont légion : quels sont les paramètres retenus dans les cas types qu’on nous
présente ? Quelles sont les valeurs du point, les hypothèses de croissance de
l’économie et des salaires ? Et par quel miracle tout le monde sortirait
gagnant comme dans un célèbre concours télévisé de chant pour enfants, alors
que le système est réglé pour qu’un plus grand nombre de retraités se partage
demain une part des richesses gelée à son niveau actuel ?
Autant
que par son contenu, le rejet majoritaire du projet s’explique par ces
non-dits. Le pseudo-compromis sur le retrait « provisoire » de l’âge pivot n’y
change rien, au contraire, puisque ce dernier demeure au cœur du système
universel. Les chômeurs, à qui l’on promet des points de retraite calculés sur
leurs allocations, y perdront par la baisse mécanique des droits qu’entraînera
la chute de leurs revenus, quand les périodes de chômage sont aujourd’hui
neutralisées dans le calcul de la pension grâce à la prise en compte des
meilleures années de salaire. Idem pour les droits familiaux. Questionné mardi
par une journaliste de l’Humanité, le ministre Pietraszewski s’est avéré
incapable de démontrer les avantages supposés du projet. Qu’en sera-t-il dans l’Hémicycle,
si le texte arrive jusque-là ? Le gouvernement manque tellement de confiance
que même le président du Conseil d’orientation des retraites n’a pas eu accès à
l’étude d’impact. Assez de cachotteries !
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