« Le nationalisme, étau de la gauche », l’éditorial de Gaël de Santis dans l’Humanité de ce jour !
Nos voisins
quitteront l’Union européenne (UE) ce jour. C’est l’aboutissement d’un long
processus, où la parole a été donnée au peuple. Ainsi en ont décidé les
Britanniques par référendum, le 23 juin 2016, au terme d’une campagne marquée
par un mécontentement plus que justifié contre les politiques libérales de l’UE,
mais aussi par la xénophobie du camp conservateur. Focaliser le débat sur le
oui ou le non à l’UE, en balayant la complexité des interdépendances
construites par des dizaines d’années d’échanges économiques, culturels,
politiques, migratoires, est devenu une machine de guerre contre la gauche. C’est
l’intérêt bien compris, tant de l’extrême droite que de l’extrême centre
eurolibéral.
Au Royaume-Uni,
cette ligne suivie par la nationaux-libéraux, qui, ont pris le relais d’un
néolibéralisme en bout de course, a sapé l’élan né de l’arrivée à la tête du Labour
de Jeremy Corbyn en 2015. Celui-ci a eu beau mettre un terme aux lubies
libérales des blairistes, il a été empêché de rassembler ceux qui ont intérêt
au changement, hésitant sur la conduite à avoir face à la question du Brexit. Cela
a bénéficié à Johnson. Et les partisans d’un Lexit, une sortie de gauche de l’UE,
en ont été pour leurs frais. Car la sortie de l’UE ne fait pas un projet
progressiste. Au lendemain du référendum, il fut difficile de concilier les
volontés de ceux qui ont voté pour un changement social et ceux qui ont voté
pour exiger moins de migrants.
L’affaiblissement
du clivage gauche-droite n’est pas une fatalité. Des gauches ont su déjouer ce
piège pour gagner le pouvoir sur une ligne anti-austéritaire : hier la
Grèce de Tsipras ou le Portugal de Costa, aujourd’hui l’Espagne de Sanchez. À
chaque fois, cela fait suite à de puissantes mobilisations populaires, et à une
plus grande influence de la gauche antilibérale : Syriza, Unidas Podemos,
etc. Reste, ensuite, à tourner réellement la page de l’austérité et à se
montrer capable de résister aux injonctions de Bruxelles. Cette autre machine
de guerre contre la gauche.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire