« La démocratie et la rue », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité de ce jour !
« La
démocratie, ce n’est pas la rue », avait lancé tout juste – mal – élu Emmanuel
Macron. Cette méprise originelle se traduit trois ans plus tard par une fuite
en avant autoritaire des plus dangereuses. Loin des hordes de « sauvages »
qui voudraient s’attaquer à la démocratie, l’immense mobilisation populaire
contre la projet gouvernemental de réforme des retraites qui s’exprime depuis
sept semaines s’avère au contraire un formidable moment d’expression citoyenne.
Les promoteurs zélés de l’ordo-libéralisme semblent oublier qu’il est même
arrivé dans l’histoire française que la rue fasse ainsi les plus belles pages
de progrès social. Et le gouvernement a beau jouer les gros bras en étalant
toute sa brutalité, les premiers de cordée ont bel et bien dévissé. Ils commencent
même à paniquer, comme le démontre cette vidéo mise sous scellés d’un couple
présidentiel prenant les jambes à son cou face à une poignée de manifestants
venus l’interpeller au théâtre. La rupture se confirme dans le dernier sondage
Elabe, accablant pour le pouvoir. 61% des Français veulent que le projet de
réforme soit retiré. 72% jugent Emmanuel Macron autoritaire et arrogant.
Le divorce
avec le peuple consommé, l’exécutif ose en appeler à la « légitimité
démocratique » issue des urnes. Pourtant, jamais Emmanuel Macron n’a
annoncé dans son programme qu’il repousserait l’âge légal de départ en retraite
à taux plein. « Dialogue social » au rabais, bâillonnement de l’opposition
et cadenassage du débat parlementaire, bidouillage des étiquettes politiques
pour masquer une possible déroute aux municipales, violences policières et
répression syndicale…Tout est entrepris pour assécher la sève d’une démocratie.
Et il ne s’en cache même plus. Aujourd’hui encore, alors que le peuple sera
dans la rue, le président nommera des préfets à sa botte, certains venus de la
droite dure, anciens directeurs des cabinets de Fillon et Hortefeux, pour s’assurer
de l’exécution des réformes jusqu’au « dernier kilomètre ». Cette
nouvelle journée de mobilisation doit donc résonner au-delà des plus engagés
contre la réforme. Seul son retrait permettra à la démocratie de reprendre ses
droits.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire