« Très cher pétrole », l’éditorial de Gaël De Santis dans l’Humanité de ce jour !
La manne
des matières premières à un prix élevé pour les peuples qui en bénéficient. Les
Algériens qui se mobilisent depuis février contre un pouvoir corrompu en font,
depuis la chute des cours en 2014, l’amère expérience. Dans ce pays comme dans
d’autres, le pétrole, qui aurait pu et dû permettre à l’économie de se
développer, se retourne contre le peuple. Il alimente la corruption et la
bureaucratie. Et il sert à financer une bourgeoisie plus encline à s’enrichir
en prélevant sa part sur les importations qu’en investissant dans la production
locale.
Cette
baisse des prix est également un défi pour les expériences progressistes
dépendantes des revenus pétroliers : au Brésil, sur la fin du mandat de
Dilma Roussef, au Venezuela de Maduro, les gouvernements de gauche ont eu ou
ont toujours du mal à financer leurs politiques
de redistribution et d’investissement dans d’autres pans de l’économie. Cela
entraîne un mécontentement qui favorise les tentatives de déstabilisation et
les aventures impérialistes.
Le pétrole
est aussi un fauteur de guerre. L’Irak a toujours du mal à s’en relever, alors
que son voisin l’Iran se voit pointé du doigt, accusé de s’attaquer à des tankers,
dans la stratégique mer d’Oman.
Enfin,
l’or noir pollue. Qu’il soit sous forme de carburant qui charge l’air en
carbone, ou transformé en plastique qui inonde nos océans ou qui finit dans nos
estomacs – un adulte en absorbe en moyenne cinq grammes par semaine, selon une
récente compilation d’études scientifiques.
Le monde
entier est concerné par ce fléau. L’Union Européenne et même le gouvernement
français seraient bien inspirés, lors du G20 des 28 et 29 juin à Osaka au
Japon, d’appeler à une coopération internationale pour sortir de cette
civilisation pétrolière qui a tant pollué et tant tué ces dernières décennies. Mais
cela à revoir l’ensemble de notre modèle de développement, à remettre en cause
les logiques de domination et de prédation qui sont aujourd’hui trop souvent la
règle.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire