« À contresens », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Le paradoxe
est de taille. Alors que des centaines de milliers de jeunes revendiquent un
changement de société pour sauvegarder la planète, que les mouvements sociaux
refusent d’opposer fin de mois et fin du monde, EELV, sous la houlette de
Yannick Jadot, paraît se convertir au « greenwashing », le maquillage
vert sous lequel se dissimulent les choix de profits maximums des multinationales.
Le mouvement ne se résume pas aux seuls appétits pour des fauteuils de maires. En
reniant toute attache avec la gauche, le député européen signifie plus qu’une
volonté hégémonique, manifestée à l’issue d’un succès électoral. Il induit une
rupture avec l’ambition d’une transformation de la société vers plus de justice
sociale et d’égalité.
La critique
du capitalisme, de son exploitation forcenée de la nature tout autant que les
hommes, de la domination des multinationales sur les choix politiques, est
reléguée au second plan. Cette tentation a souvent émergé au sein de l’écologie
politique. Elle a été généralement repoussée par les militants et s’est abîmée
avec Brice Lalonde ou Antoine Waechter dans les fourgons de la droite, ou avec
Daniel Cohn-Bendit, François de Rugy ou Pascal Canfin dans les wagons d’un
libéralisme ripoliné. Le pire n’est donc pas certain.
La prise
de conscience du risque environnemental et d’un changement radical des modes de
production, de transport, l’impératif d’un changement nécessaire des relations
entre les hommes remplaçant les ravages de la concurrence pour lui substituer
la protection des biens communs ont gagné du terrain parmi les progressistes,
les syndicalistes, les jeunes. L’opinion publique commence à mesurer qu’elle
devra compter plutôt sur la mobilisation que sur l’attendrissement
publicitaires de quelques oligarques pour une espèce menacée, ou sur leur
appétit pour un marché à prendre…EELV pâtirait de n’être que dans le vent et
pas dans le coup.
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