« DES JOUEUSES SUR LE TRÔNE DU SPORT ROI », L’EDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITE DE DEMAIN VENDREDI
Le football change de visages. La coupe du monde féminine – si récente
encore – sort de l’obscurité où la reléguaient les vieilles habitudes et
des préjugés tenaces. Les noms des joueuses commencent à être connus du grand
public et leurs compétitions ont franchi le plafond de verre, celui des écrans
de télévision qui les cantonnaient à des antennes confidentielles ou à des
horaires indus. Les droits de retransmission se sont envolés, la fédération
internationale alloue des sommes plus substantielles aux équipes, et des
sponsors se proposent. Le foot féminin devient « bankable », lucratif en bon
français, un signe qui ne trompe pas dans l’univers capitaliste.
Il en aura fallu du temps, des vocations contrariées et des talents
humiliés ! Mais aujourd’hui les réflexions machistes et méprisantes ou les
commentaires condescendants ne passent plus. Un public plus large a apprécié
les performances et la beauté des gestes. Ces équipes ne sont pas les
appendices mineurs du sport roi ou une concession obligée à l’air du temps. Nul
doute que cette coupe du monde éveillera des envies et des passions parmi les
petites filles et qu’un retour en arrière, deviendra impossible. Le mouvement
mondial qui revendique l’égalité entre les sexes passe aussi par le ballon.
La machine à faire des
profits n’épargnera pas ce terrain. Mais il apparaît plus frais que les
machines à cash que deviennent les grandes équipes masculines. On rêve, pour
reprendre les mots d’Aimé Jacquet, que s’y retrouvent « les vertus
fondamentales du sportif (qui) sont de toutes les modes, de toutes les époques,
(qui) sont le sport » : « donner, recevoir, partager ». Une mise en commun
au masculin et au féminin qui devrait donner des idées pour tous les domaines
de la vie. Une sorte de stade suprême…
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