« DU CONSTAT AU DÉBAT », L’EDITORIAL DE PIERRE CHAILLAN DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MERCREDI
Les inégalités se creusent. Rapport après rapport des associations et des
ONG présentes sur le terrain et des outils de mesure tel l’Observatoire des
inégalités, le diagnostic se fait de plus en plus criant. La précarité explose
et touche en priorité les femmes, les immigrés et les plus fragilisés, qu’ils
soient jeunes ou retraités ; les revenus des classes populaires et moyennes
reculent ; et, en même temps, quelques privilégiés voient leurs revenus, le plus
souvent financiers, atteindre des sommets. Et il n’y aurait rien à faire ?
La mauvaise fable libérale voudrait nous en convaincre : certains s’en
sortent (les premiers de cordée), certains peuvent espérer survivre (s’ils
acceptent docilement d’être tirés par les premiers) et d’autres encore (les
« pauvres », qui coûtent un « pognon de dingue » !) resteront sur
le bord du chemin et auront sous condition une assistance, si toutefois les
dépenses publiques le permettent.
Pourtant, tout cela forme système ! Et là encore de nombreux rapports
accusent le capitalisme prédateur du travail humain, de la créativité
intellectuelle, de la création culturelle et des ressources naturelles. Ils
fustigent les politiques austéritaires imposées aux peuples et soulignent la
nocivité du coût du capital pour les biens communs, les services publics et le
développement humain et écologique.
Et ce ne sont pas seulement les économistes hétérodoxes, sociologues et
chercheurs en sciences sociales ayant lu Marx qui font ce constat. Les analyses
que l’on ne peut pas soupçonner de vouloir faire la révolution mais plutôt de
la prévenir (dont celles du FMI) démontrent qu’une telle situation est
insoutenable. Elles avancent même des réponses qui permettraient de faire
reculer ces inégalités.
Ces études se
nourrissent des travaux des économistes de différentes écoles. Il y a bien des
débats sur le rythme, la méthode et les priorités. La table ronde organisée
par l’Humanité entre l’économiste keynésien James K.
Galbraith, la sociologue Monique Pinçon-Charlot et l’économiste marxiste
Frédéric Boccara l’atteste. Il est nécessaire et urgent de favoriser partout ce
débat. Car, si les réponses existent, les pouvoirs en place ne veulent pas en
entendre parler.
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