« L’ONU DES TRAVAILLEURS », L’EDITORIAL DE MICHEL GUILLOUX DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MARDI
Les travailleurs ont leur ONU. Des agences telles l’Organisation mondiale
du commerce ou la Banque mondiale sont largement dominées par des logiques de
prédation financière. L’Organisation internationale du travail (OIT), elle, a
l’originalité d’être tripartite. Les gouvernements et les forces du Capital ont
dû accepter la présence des représentants des travailleurs aux postes de
décision. Les rapports de forces historiques, dont sont issus tout le droit
social et ses normes internationales pesant en retour, y sont pour quelque
chose. Combien d’instances ont à leur fronton cette devise : « Faire avancer la
justice sociale, promouvoir le travail décent » ? C’est dire si se battre pour
préserver pareil outil est vital.
L’urgence sociale est planétaire. L’offensive ultralibérale sur la planète
considère chaque droit des travailleurs comme autant d’obstacles à sa
revendication de jouir du profit sans entrave. Ces promoteurs d’une loi de la
jungle puissance mille s’accommodent fort bien de l’esclavage moderne et du
travail des enfants, deux des bêtes noires de l’OIT. Alors, à défaut de la
détruire, neutraliser la portée de ses décisions ne déplairait pas au camp
patronal. Surtout à l’heure où l’ubérisation du travail déclenche des velléités
chez les forçats du numérique de voir élaborer des règles collectives. En 2009,
Nicolas Sarkozy venait vitupérer à sa tribune contre le cancer de la finance,
entre précarisation du travail avec le contrat nouvelle embauche et nouvelle
casse des retraites en 2010… Dix ans après, jour pour jour, il se dit
qu’Emmanuel Macron veut y tenir un discours « social ». Nous n’épiloguerons pas
sur ses choix depuis deux ans et déjà sous François Hollande. Mais cela
souligne à quel point les forces de l’argent n’y ont pas table ouverte.
C’est dans ce cadre
que la Confédération syndicale internationale, relayant un appel de la CGT
française, organise une manifestation inédite à Genève, le 17 juin, en
pleine assemblée du centenaire. À l’ordre du jour : la défense de la liberté
syndicale, du droit de grève et la volonté de voir adoptée la 190e convention
de l’histoire de cette organisation : celle consacrée à la lutte contre les
violences sexistes et le harcèlement au travail. Le rapport de forces,
toujours.
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