" Un vertige de platitudes ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
Qui craignait le vertige devant « la
pensée complexe » du président est désormais rassuré. Emmanuel Macron a
infligé aux parlementaires qui avaient déféré à sa convocation un long prêche
cauteleux, un chapelet de platitudes et un hachis de grands principes réduits à
des banalités. Le trône et son discours sonnent creux. Leur libéralisme semble
un collier de perles…L’Élysée promettait un cap ; il a livré un enfumage. Si
les menaces contre le Code du travail ou contre « la société des statuts »
sont confirmées, si la République est réduite à un « pacte girondin »,
il faudra attendre, pour connaître les traductions et l’addition sévère, la
déclaration de politique générale d’Édouard Philippe aujourd’hui. Déjà les
smicards ne sont pas augmentés et la légère hausse du point d’indice des
fonctionnaires est annulée. Ceux qui « ne sont rien » n’auront rien
et ceux qui ont tout et sont tout aux yeux d’Emmanuel Macron peuvent caresser
les plus doux rêves.
En matière de réforme
constitutionnelle, le président a cependant confirmé son intention d’ajouter à
l’abaissement du rôle des parlementaires court-circuités par les ordonnances la
diminution de leur nombre. En annonçant une « dose de proportionnelle »,
il réduit sa promesse que « toutes les sensibilités soient justement
représentées » à la mesure d’un échantillon. Afin de tordre le bras de
députés ou de sénateurs pour certains réticents, il a brandi la menace d’un
référendum.
Tout çà pour çà, direz-vous. Le défilé
en grandes pompes à Versailles avait pour seul but d’affirmer l’absolutisme
présidentiel et sa prééminence sur toutes les institutions. Les élus qui n’y
étaient pas – communistes et insoumis – n’ont pas voulu cautionner cette dérive
institutionnelle vers une présidence sans partage et ont choisi les uns et les
autres de manifester, plutôt que de fléchir le genou devant ce pâle monarque.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire