" Etat de grâce " ?, l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
Les commentateurs de la
« chose » publique ont décidément la mémoire tendre et sans doute
mériteraient-ils quelques sévères admonestations, histoire de leur rappeler que
la politique, c’est sérieux. Ainsi, il aura suffi d’un baromètre de l’Ifop pour
voir resurgir cette novlangue qu’aucune raison n’étayait jusque là, sauf à
tordre la réalité. Lisez bien : « Pour Macron, l’état de grâce est
fini ». Depuis quarante-huit heures, journaux, télés et radios tournent en
grande boucle pour « analyser » la perte de dix points de
« l’indice de satisfaction » du chef de l’État, comme s’il leur
fallait prolonger l’une des métaphores grégaires du Tour de France : quand
on arrête de pédaler, on n’avance plus…
Voici donc la « fin »
de « l’état de grâce » du monarque élu. Ah bon ? Vous aviez
vu un « état de grâce », vous ? Les amnésiques règnent en
maîtres. Ont-ils déjà tous oublié leurs explications – pourtant concrètes – sur
le fait que Macron n’avait pas été élu par « adhésion » mais en grande
partie par « défaut » ? Et omettent-ils tous que ce président
tient sa légitimité représentative de la pire élection parlementaire de toute
notre histoire républicaine ? Les taux d’abstention aux deux tours des
législatives, 51,29% puis 57,4%, ne furent pas seulement un triste record
absolu à des élections parlementaires depuis l’instauration du suffrage
universel, en 1848 ! Près des deux tiers des Français en âge de s’exprimer
n’avaient pas exercé leur droit… Et au cœur de l’été, à la faveur d’un sondage,
on vient nous parler de « l’état de grâce » de Macron, comme si
celui-ci avait seulement existé. Ce furent les quatre tours de scrutin
électoraux qui portaient en eux le venin de la disgrâce !
Ce qui se passe est plus
prosaïque. Loi travail XXL, hausse de la CSG, baisse des APL, mesures fiscales
favorisant les plus aisés, etc. : la multiplication des mesures libérales,
certes prévues, est cette fois En marche forcée. Alors, chaque jour un peu
plus, la France sociale craque. Résultat ? La cote de Macron se situe deux
points en dessous de celle de Hollande en juillet 2012. Accordons au moins du
crédit à ce seul chiffre …
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