" Pas de place pour la Smic à Versailles ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité de ce jour !
Inclassables à gauche ou à
droite, Emmanuel Macron et son gouvernement, vraiment ? Il y a pourtant de
vieilles habitudes qui trahissent un pedigree. Prenons le Smic, par exemple. À
chaque fois qu’une majorité a été élue sous les couleurs de la gauche, le
salaire minimum a augmenté dans la foulée au-delà de sa revalorisation légale. Oh,
souvent de façon très insuffisante – mais toujours substantiellement quand la
coalition au pouvoir incluait le PCF : 5% de coup de pouce en 1981 et 2,25
en 1997, contre 0,4% en 1988 et 0,6% en 2012. Changement de pied quand la droite
revient aux affaires : à part en 1995 (2,2% de coup de pouce, campagne sur
la « fracture sociale » oblige), les smicards sont condamnés à se
faire des nouilles encore, pour paraphraser un slogan anti-loi El Khomri. Zéro en
juillet 1986, 1993, 2002 et 2007.
Juillet 2017 s’inscrit dans cette
« tradition » d’austérité droitière. Ceux qui (sur) vivent avec le
Smic devront patienter jusqu’à la baisse des « charges » promise – c’est-à
dire financer eux-mêmes leur augmentation par la baisse de « charges »
promise par la baisse de leur salaire brut – et la hausse de la prime pour l’activité
payée par les impôts de tous. Derrière, toujours le même tabou patronal du « cout
du travail » qu’il faudrait sans cesse baisser, sous peine de détruire des
emplois. Mais l’écrasement des salaires, lui, renchérit le coût du capital :
c’est l’autre tabou dont Macron et le Medef ne parlent pas. À elles seules,
pendant que le Smic gagnait péniblement 1% au début de l’année, les dix plus
grosses fortunes se sont enrichies de 84 milliards d’euros en un an : +
35%. Le dixième de ces gains –oui le dixième – rendu au travail permettrait de
financer, incluses les soi-disant « charges » sociales, une hausse de
30% du salaire annuel des 1, 6 million de travailleurs payés au Smic, soit 444
euros brut par mois (345 euros net). En d’autres termes, de porter le Smic à
1500 euros net. Voilà un acte qui ferait beaucoup plus pour le renouveau de la
politique qu’un discours du trône à Versailles.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire