" Tout peut arriver ", l'éditorial de Pierre Barbancey dans l'Humanité de ce jour
Désormais, tout peut arriver au
Venezuela. Le blocage voulu par l’opposition
au pouvoir bolivarien est en passe de gagner tout le pays. Et il est à craindre
que le scrutin organisé dimanche pour élire une assemblée constituante, décidé
par le président Nicolas Maduro, et qui pourrait être une solution de sortie de
crise, ne suffise pas à éteindre l’incendie. Depuis des années maintenant, le
Venezuela est la cible de toutes les attaques, intérieures et extérieures. Le crime
d’Hugo Chavez, à l’époque, redonner au peuple tout son pouvoir et la maîtrise
de ses richesses naturelles, à commencer par le pétrole. Une politique qui va
alors donner des résultats : les Vénézuéliens vivent mieux, leur pouvoir d’achat
augmente, la démocratie bat son plein. C’en est trop pour l’oligarchie locale
et sa représentation politique, soutenue notamment par les Etats-Unis, qui
tentent même un coup d’état, contré dans la rue par la population qui soutient
son gouvernement.
Pourtant, à la mort du Commandante,
la machine va se détraquer. La difficulté à diversifier une économie dépendante
du pétrole et une perte de terrain des idées « chavistes » ouvrent la
voie à une opposition d’autant plus dopée que le charisme de Maduro n’est pas
celui de Chavez ; les difficultés économique s’accentuent et le pouvoir
perd son soutien populaire. Dans le camp « chaviste » des voix s’élèvent
également, critiques, pour reprendre la main politique et économique. Mais dans
un apys où la corruption a toujours refait surface, le combat est difficile.
L’opposition, qui a remporté les
dernières législatives, ne cache plus ses ambitions : en finir avec une
politique qualifiée de « socialiste », c'est-à-dire qui néglige les
intérêts de la grande bourgeoisie. Elle est aidée par les erreurs du pouvoir
mais aussi, et surtout, par les aides américaines de toutes sortes. « Nous
ne voulons pas être Cuba » est désormais l’un des slogans criés dans les
manifestations. La marge de manœuvre est réduite quel que soit le résultat du
scrutin de dimanche. Désormais, tout peut arriver au Venezuela. Y compris un
putsch, comme l’Amérique latine en a tant connu dans son histoire.
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