" Derrière l'affichage ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !
Sur le papier, l’affiche a de la
tenue. En haut, un ministre convaincu que la lutte contre le réchauffement
climatique est une urgence absolue qui ne peut être pensée en dehors d’un monde
bâti sur la solidarité ; au milieu un plan interministériel qui affiche l’ambition
d’aller plus loin que l’accord de Paris ; en bas, la signature du chef de
l’État. Nicolas Hulot présente ce matin le plan climat du gouvernement, sans
doute en espérant que les 60 milliards de compression de dépenses publiques
annoncés par le premier ministre ne soient pas en train de décoller un coin de
l’affiche. Car transition écologique et austérité ne font pas bon ménage, sauf
à considérer, comme l’a laissé entendre Édouard Philippe, que les missions d’intérêt
général peuvent être assumées par d’autres que le service public.
L’« autre, c’est le marché,
addict aux subsides de l’État dès lors que l’investissement est source de
profits. Les partenariats public-privé sont déjà légion en matière de
protection de l’environnement et le concept à la mode « d’économie verte »
repose sur la logique d’échanges qui attribue une valeur financière à la nature
(la terre, l’eau, l’air, la forêt). Pour être crédible, la plan climat doit
donc ajouter aux objectifs ambitieux d’atteindre la neutralité carbone en 2050,
de diviser par deux les déchets, d’en finir avec les logements « passoires
thermiques », une efficace fiscalité qui taxe les riches pollueurs et ne
crée pas de nouvelles inégalités.
Le réchauffement climatique n’est
pas une crise parmi d’autres. Il redessine le monde et oblige à changer d’ère. Le
véritable danger consiste à précipiter les transitions dans les bras des intérêts
égoïstes, qui ne manqueraient pas de creuser un gouffre entre les biens lotis
du changement climatique et les autres. Trump a clairement choisi cette option.
Nicolas Hulot a fait ajouter le mot « solidaire » au nom de son
ministère pour tenter de penser le basculement dans un avenir commun. Une chose
est déjà sûre, le champ lexical ne suffira pas.
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