" Cynisme ", l'éditorial de Laurent Mouloud dans l'Humanité de ce jour !
L’histoire se répète, le mépris
aussi. Une semaine après l’annonce du coup de rabot sur les APL, le décret
signé par le gouvernement, le 20 juillet, détaillant les économies des
différents ministères témoigne à nouveau de cette logique implacable visant les
plus précaires. On découvre ainsi, de ligne en ligne, que la politique de la
ville, essentielle pour financer les dispositifs d’accompagnement dans 1500
quartiers pauvres, sera amputée de 46,5 millions d’euros, soit 11% de son
budget total. Un peu plus haut, 185 millions d’euros s’évaporent, comme si de
rien n’était, des crédits alloués aux HLM, menaçant la construction de 12 000
logements PLAI, ceux aux loyers les plus bas…
On le voit, derrière l’arithmétique
et l’aridité de ce décret, se dessine une désespérante vision de société où les
populations les plus fragiles jouent désormais les variables d’ajustement. En ce
sens, l’idéologie macronienne, loin du renouveau proclamé, est d’une triste
banalité. Dans ce monde là, vu et revu, l’inégalité sociale n’est pas un combat
à mener de front mais la quasi-vertu d’une organisation où chacun est le propre
patron de son existence. Dans ce monde là, on croit encore à la fameuse théorie
du « ruissellement », réfutée par le FMI lui-même, où l’enrichissement
des plus fortunés retombe comme par magie sur les plus pauvres. Dans ce monde
là, ôter cinq euros par mois à ceux qui n’ont presque rien, ou encore mettre en
péril le travail associatif dans les territoires en difficulté, tient lieu de
politique publique.
Douze ans après les révoltes
urbaines de 2005, la saignée que les Diafoirus du gouvernement s’apprêtent à
infliger aux millions d’habitants des quartiers populaires relève à la fois du
cynisme et de la faute politique. Cynisme, car Emmanuel Macron sait que ces
populations ne l’ont pas élu. Faute, car fragiliser encore ces territoires
maltraités, c’est fragiliser toute la communauté nationale. « Le mépris
est une pilule qu’on peut avaler mais qu’on ne peut pas mâcher », disait
Molière. Et encore moins digérer.
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