" Macron banalise la délinquance climatique ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !
Emmanuel Macron se rêve en héros
du climat. Mais il invite à Paris le chef de troupe des présidents climato-sceptiques.
La petite ritournelle de l’hôte de l’Élysée, qui « ne désespère jamais de
convaincre », ne sème au vent que de l’illusion. Au G20 la semaine
dernière, c’est Donald Trump qui a convaincu tous les autres chefs d’État de
céder à ses quatre volontés. Les Etats-Unis, pays le plus émetteur de gaz à
effet de serre par habitant dans le monde, ont obtenu un blanc-seing pour
vendre leurs énergies fossiles quand bien même tous les experts hurlent qu’il
faut les laisser sous terre pour éviter un fatal emballement.
En diplomatie, les actes ont un
sens. Emmanuel Macron accueille Donald Trump en grande pompe, parade sur les
Champs-Élysées et diner étoilé. Fin mai, il a reçu Vladimir Poutine à
Versailles alors que le président russe venait de remettre en question la
responsabilité des activités humaines dans le coup de chaud qui oppresse la
planète. Le compte à rebours est enclenché. Une récente expertise publiée dans
la très sérieuse revue « Nature » estime qu’il reste trois ans pour
prendre les bonnes décisions et rester dans les clous d’une hausse des
températures qui ne dépasse pas les 2° C. En invitant Trump à Paris, le chef de
l’État français banalise la délinquance climatique.
Pis, la convocation unilatérale d’un
« sommet d’étape » sur les financements climat en France le 12
décembre prochain révèle un mépris certain pour la diplomatie internationale. La
23e conférence climat de l’ONU (COP23) doit se dérouler en novembre.
Elle sera, pour la première fois, organisée par un petit État du Pacifique que
les bouleversements du climat promettent de noyer sous les eaux, les Îles
Fidji. Cette COP doit prioritairement travailler sur les aides financières pour
permettre aux populations les plus menacées de faire face aux dérèglements. Sans
quoi, les 250 millions d’habitants aujourd’hui menacés deviendront les déplacés
de demain, ces migrants même contre lesquels Donald Trump construit des murs.
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