" Moment de vérité ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !
Voilà un incendie que le
gouvernement n’est pas près d’éteindre. La décision couperet de ponctionner les
plus pauvres en baissant l’aide au logement de 5 euros par mois, alors que les
plus riches vont renflouer leur portefeuille de 2 milliards d’euros avec la
réforme de l’ISF, constitue un moment de vérité. Associations, syndicats,
partis antilibéraux, et même les bailleurs sociaux s’offusquent du préjudice
qui frappe les plus démunis. 60% des personnes qui bénéficient de l’APL vivent
sous le seuil de pauvreté. Pour elles, 5 euros, c’est deux repas de cantine,
une journée de reste à vivre, une semaine de pain.
Avec la même arrogance que
Marie-Antoinette en son temps, on imagine le chef de l’État être capable de s’écrier :
« s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! »
Emmanuel Macron fait déjà collection des sentences anti-pauvres : les
ouvriers « illettrés » de Gad, les « alcooliques » du
bassin minier, les chômeurs trop fainéants pour avoir les moyens de se « payer
un costard », les jeunes incapables de « devenir milliardaires »,
ou encore les « gens qui ne sont rien », ce peuple laborieux des
gares. Passé maître en l’art du mépris de classe, le jeune coq de l’oligarchie
fait des émules. « Si à 18, 19 ans, 20 ans, 24 ans, vous commencez à
pleurer pour 5 euros, qu’est-ce que vous allez faire de votre vie ! »
glose Claire O’Petit, députée de la République En marche de l’Eure.
Il y a 10 ans, la droite
décomplexée de Sarkozy lâchait la bride d’un discours anti-pauvres assumé. Depuis,
le dédain social est devenu une colonne vertébrale du camp libéral afin d’asseoir
la domination des classes supérieures et les privilèges qui vont avec. Les gens
de peu, eux, sont renvoyés parmi les « assistés ». Face à la
bourrasque de réprobations sur la baisse des aides au logement, le gouvernement
annonce une réforme globale à la rentrée dont il n’est pas difficile de deviner
la logique, quand le ministres de la Cohésion des territoires annonce qu’il
faut arrêter le « camion fou des dépenses. »
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