" À visage découvert ", l'éditorial de Maud Vergnol dans l'Humanité de ce jour !
Les douze coups de minuit ont
sonné pour Emmanuel Macron. En moins d’un mois le climat délétère de la
campagne présidentielle a rattrapé la vie politique française. Révélations en
cascade sur la réalité des pratiques d’En marche !, délations iniques de l’extrême
droite pour faire diversion…La poudre de perlimpinpin s’avère bel et bien
décevante et la vie politique loin d’être un conte de fées. L’affaire « Ferrand »,
une candidature d’En marche ! de Saint-Denis marchande de sommeil, un
autre condamné à une peine d’inéligibilité…Les communicants du président, qui
voulait marquer le début de son quinquennat par une « loi de moralisation
de la vie publique », pourront plaider que, dans toutes ces embardées, la
responsabilité d’Emmanuel Macron n’est pas en cause. Mais cette première
anecdote laissera des traces. D’autant que le pays n’a pas fini de digérer la
pire campagne présidentielle de la Vème République ait connue,
parachevée par l’élection d’un homme dont le projet politique est en réalité
sévèrement rejeté par la majorité des citoyens. L’ébullition d’idées pour
renouveler la démocratie a accouché d’un monarque républicain. Le souffle d’alternatives
au modèle libéral s’est soldé par la victoire de l’ubériseur en chef.
Cette lucidité nécessaire sur les
ravages que charriera le désenchantement Macron sera de peu d’utilité si elle
se contente d’accompagner la résignation. Laissons au FN et aux démagogues la
spéculation sur les fruits pourris du libéralisme. L’enjeu aujourd’hui est
moins de « moraliser » que de « démocratiser » la vie
politique. De revenir aux sources de la représentation politique, telle que
pensée par les révolutionnaires de 1789 : substituer aux intérêts particuliers
celui du plus grand nombre. Pour cela, le Parlement a non seulement besoin de
pluralité, mais de députés qui savent, dans leur chair, ce que sont les
urgences sociales du pays. 2,6% d’ouvriers et d’employés sont assis sur les
bancs de l’hémicycle, quand dehors, ils représentent 50,2% de la population. Comme
représentation nationale, on peut mieux faire.
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