Election présidentielle : 2e tour : Déclaration de Pierre Laurent
Ce soir,
la candidate du Front national n'est pas élue. C'est un soulagement ! Une large
majorité
d’électrices et d’électeurs n’a pas voulu porter à la tête de l’Etat ses idées
de haine et de division, son projet raciste et xénophobe, sa politique
violemment discriminatoire, libérale et guerrière.
Nous,
communistes, sommes fiers d'avoir œuvré avec clarté à cette défaite, car nous
savons qu'elle continue à menacer la République et son unité.
Nous n'en
voulons à aucun prix, ni aujourd'hui, ni demain.
Mais ce soir,
notre coeur n'est pas à la fête. Notre pays vit des heures graves. Ce second
tour est, à nouveau, une très sérieuse alerte pour toutes celles et ceux qui
sont attachés à la démocratie et à l'égalité. Marine Le Pen, avec 35 % ,
obtient 14% de plus qu'au premier tour. C’est le résultat de la banalisation
des idées d’extrême droite que nous sommes plus que jamais décidés à combattre.
C'est aussi le résultat de décennies d’alternances politiques défavorables aux
intérêts populaires, de trahisons et de renoncements des gouvernements
successifs. Nous partageons ce soir la profonde colère des millions de
personnes qui se sont senties piégées par ce second tour. Piège orchestré par
les mécanismes de la Ve République usée et perverse. A l'avenir, nous ne
voulons plus être obligés de voter par défaut pour battre l'extrême droite.
Nous ne voulons plus la voir aussi haut. Pour cela, il faut construire la
victoire d'un vrai changement de politique qui libère la France de la tutelle
des marchés financiers, qui proclame « l'humain d'abord » et s'attaque à la
domination de la finance en conquérant de nouveaux pouvoirs à tous les niveaux,
qui ouvre le chemin d'une nouvelle société de bonheur, de solidarité, de
justice, d'écologie, de paix et d’égalité.
Ces choix
politiques de progrès, ce n'est pas Emmanuel Macron, candidat des milieux
financiers, élu ce soir Président de la République qui les fera. Il veut tout
marchandiser dans la société. Son élection est fragile. Les millions
d’électeurs qui ont voté Macron ont d'abord voulu barrer la route de l’Elysée à
Marine Le Pen. Déjà au premier tour, ils et elles étaient nombreux à voter pour
lui par défaut pour éviter un duel entre Fillon et Le Pen. Son projet, très
néo-libéral et porteur de graves régressions sociales et démocratiques, est
minoritaire dans le pays. Ce qui reste à l'ordre du jour, c'est la construction
d'une alternative de transformation sociale, écologique et démocratique à sa
politique, et celle d'une nouvelle majorité de gauche pour la porter. Dès
demain, et tout au long du quinquennat, les communistes seront mobilisés pour
avancer dans cette voie avec toutes celles et ceux qui seront disponibles.
A la casse du
Code du Travail qui affaiblirait les droits des travailleurs, nous opposerons
une sécurité de l'emploi et de la formation pour éradiquer le chômage et la
précarité, en créant de nouveaux pouvoirs dans les entreprises et sur les
banques face aux marchés financiers. Au recul du droit à la retraite et à la
privatisation de la Sécurité sociale facilitée par la suppression annoncée de
cotisations sociales, nous opposerons un plan de défense et de développement de
la Sécurité sociale. A la baisse de 60 milliards d’euros des dépenses publiques
et à la suppression de 120 000 fonctionnaires, nous opposerons un plan de
relance des services publics de proximité dans tous les domaines. Au recours
aux ordonnances pour gouverner autoritairement, nous opposerons le respect de
la démocratie. Nous serons de tous les combats contre les projets anti-sociaux
de Macron, contre les projets ultra-réactionnaires de la droite et de
l'extrême-droite.
C'est dans
cet esprit que nous voulons conduire les élections législatives des 11 et 18
juin. Le PCF y engage dès ce soir toutes ses forces. Aucune majorité
parlementaire n'est acquise pour personne. Notre peuple a une nouvelle chance
pour décider de son présent et de son avenir.
Fort du vote
de millions de citoyens pour Jean-Luc Mélenchon le 23 avril, avec toutes les
forces qui ont soutenu sa candidature et toutes celles qui peuvent se joindre à
nous, nous pouvons aller très haut ensemble pour élire à l'Assemblée nationale
une forte représentation nationale. Unis, nous pouvons gagner dans de très
nombreuses circonscriptions. Désunis, les gains seront limités et cela
laisserait la place à des députés « En Marche ! », de droite ou d'extrême
droite. Nous avons une grande responsabilité commune devant tous les électeurs
de gauche et écologistes. Ils et elles nous demandent de nous unir.
Pour cela, un
accord national large, équitable et représentatif, sous une bannière commune
qui nous rassemble tous, France insoumise, Parti communiste, Ensemble !,
citoyens du Front de gauche est nécessaire. Cela correspond à l'attente et à
l'espoir de la majorité des électeurs qui ont porté leurs suffrages le 23 avril
sur Jean-Luc Mélenchon. Le Parti communiste est prêt à un tel accord.
Dans tous les
cas, ensemble nous pouvons agir pour barrer la route au Front national dans de
nombreuses circonscriptions où il peut s'ancrer durablement. Nous pouvons
choisir dans chaque circonscription le candidat qui nous donnera les chances
maximales de gagner. Nous lançons à nouveau ce soir un appel solennel aux
dirigeants politiques de la France insoumise : il n'est pas trop tard pour
aboutir à un tel accord national. Et nous restons prêts, si cette ambition
n'est pas partagée, à un accord même plus limité. Nous en appelons au dialogue
sur tout le territoire dans les heures qui viennent.
Notre parti
est engagé dans ces élections avec une ambition : « Faire entrer le peuple à
l’Assemblée ». Les candidat-e-s communistes - Front de gauche que nous
soutenons dessinent le visage de la France du monde du travail, du privé comme
du public, travaillant dans tous les métiers, syndicalistes, citoyen-ne-s
engagé-e-s dans leurs territoires, aux diverses origines, jeunes candidatures
porteuses d’un renouveau politique ainsi que des femmes et des hommes
d’expérience, forts de leur responsabilité d'élu-e local-e.
Avec eux, ce
jeudi 11 mai à 19h, Pierre Laurent lancera notre campagne nationale lors d’un
grand meeting au gymnase Japy, à Paris.
Soyons forts
et unis dès demain pour poursuivre le combat contre l'extrême droite et faire
reculer les idées de repli, pour engager dès maintenant la résistance et les
projets alternatifs à la politique de casse sociale et d'aggravation de la
crise et des inégalités que le nouveau Président compte mettre en œuvre.
Concrétisons
ainsi la promesse d'une gauche nouvelle, née dans les urnes le 23 avril.
Pierre
Laurent, secrétaire national du Parti communiste français
Paris le 7
mai 2017
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