" Responsabilité ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
Les fins analystes de la vie
politique qui se succèdent pour tout nous expliquer se sont plu à le souligner.
La traversée en solitaire de la cour du Louvre par Emmanuel Macron ne pouvait
que rappeler Mitterrand au Panthéon. Celui qu’un de ses professeurs voyait un
grand acteur a bien joué son rôle. Le président qui allait renouveler la vie
politique entend porter sans hésitation les habits de la Vème République.
Il se voit même, selon ses termes, « jupitérien », au-dessus de la mêlée,
dispensant la foudre aussi bien que les grâces. Les dîners en ville ne
bruissent plus que des noms du premier ministre que désignera le prince, tandis
que la quête de l’investiture d’En marche ! pour les législatives commence
à ressembler à celle du Saint-Graal, avec les lâchetés et les humiliations qui
en sont la rançon.
Le recomposition politique en
cours est aussi une décomposition. Le Parti socialiste sort en lambeaux d’un
quinquennat où tout lui semblait promis et ceux qui l’ont sabordé, dont l’ex-premier
ministre, l’abandonnent au fil de l’eau en le déclarant mort. Merci pour ceux
qui rament. La droite est en débat. Y aller ou pas ? La réalité, c’est
que, si la programme d’Emmanuel Macron ne peut que lui convenir comme il
convient d’ailleurs au Medef, ses intérêts de parti la contraignent tout autant
à exister. Elle a des atouts. Il n’y a pas 577 petits Macron dans les
circonscriptions et ses élus comme ses électeurs ont une revanche à prendre sur
une élection qu’ils estiment volée. C’est dire que la prochaine Assemblée,
entre les élus En marche ! en fantassins du libéralisme, une droite forte
et un Front national bien présent, risque bien d’être la plus à droite depuis
des décennies, avec des conséquences dramatiques pour les plus modestes, les
salariés, les chômeurs. Il ne faut pas se le cacher. Les discussions au sein de
la gauche de transformation, la seule force d’opposition qui devrait siéger à l’Assemblée,
ne sont pas faciles. Mais elle a des devoirs envers ses sept millions d’électeurs
et une responsabilité historique qu’elle ne saurait fuir sans dommage.
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