" Quelles ambitions ? ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
Arrivant à Versailles, Pierre Le
Grand, un colosse avait pris dans ses bras le petit Louis XV, alors âgé de sept
ans. Rien de tel ici, mais une poignée de main annonçant une conversation
directe et sans concession, selon les éléments de langage en vigueur. Soyons clairs.
Il est bien évident qu’il vaut mieux discuter avec Vladimir Poutine plutôt que
de jouer les matamores pour au total parler dans le vide, comme lors du
précédent quinquennat. De la même manière qu’il faut parler avec Trump et qu’il
faudra parler avec la Chine. La France est la cinquième puissance mondiale, membre
permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle a à retrouver une place réelle
et non pas autoproclamée, et pour une bonne part fantasmée, dans les débats
entre puissances. Il ne s’agit pas seulement, quand bien même c’est essentiel,
de la lutte contre le terrorisme, de la question syrienne ou de l’Ukraine, mais
de l’avenir du monde, dont font partie – rappelons-le –, les questions
environnementales aussi bien que les monstrueuses inégalités qui prévalent dans
une économie d’exploitation et de prédation.
Emmanuel Macron semble dans son rôle,
mais avec quelles ambitions ? Si Poutine ne l’a pas pris dans ses bras, il
ne faudrait pas qu’il devienne le président qui dit bonjour à tout le monde ou
le bon élève, dans la classe des petits de la mondialisation, cherchant le
regard des grands. En cela, la politique extérieure n’est pas coupée de la
politique intérieure.
La France a été forte de ses
acquis sociaux, de son système de santé, des ambitions industrielles quand elle
en eut, guidée par l’intérêt général et non par le profit. Or, c’est tout cela
qui est en cause avec la vision libérale d’Emmanuel Macron. Nous n’avons rien à
gagner à devenir le toutou docile des marchés, à suivre l’Allemagne dans une
réforme du Code du travail qui n’est autre qu’une régression, à s’aligner sur
la moins-disant social et fiscal. La France a été forte quand elle a ouvert des
chemins, pas quand elle les a suivis.
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