" Scénario ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
Le scénario du débat prévu ce
soir est écrit d’avance. L’héritière du château de Montretout et de l’argent
des cimenteries Lambert jouera à la voix du peuple, triera les « Français
de souche », désignera à la vindicte nos voisins immigrés et dissimulera
son choix d’un renard capitaliste libre dans un poulailler tricolore. Marine Le
Pen, qui porte aux nues le milliardaire Trump, dénoncera son adversaire comme
un banquier libéral. En face de la candidate de l’extrême droite, Emmanuel
Macron saura-t-il trouver les mots qui disent la colère populaire, le refus des
concurrences meurtrières entre les peuples ou les individus, la recherche de l’égalité
et le retour du progrès social ? Non. Et c’est bien ce qui inquiète ces
millions de Français de gauche qui savent le rejet des politiques dictées par
les marchés financiers et qui refusent la violence sociale qu’engendrerait la
victoire du FN. Les exemples que nous citons dans ces colonnes des politiques
conduites par les droites extrêmes lorsqu’elles se sont emparées du pouvoir en
Turquie, aux Etats-Unis, en Hongrie ou en Pologne en apportent de lourdes
preuves.
Dès lundi, les militants
associatifs, les électeurs de gauche devront se mobiliser dans les urnes et
dans la rue contre les projets d’Emmanuel Macron. À une condition, Avoir
accepté ce mauvais moment à passer que constitue glisser dans l’enveloppe le
seul bulletin qui demeure pour battre Marine Le Pen, pour la battre le plus
sèchement possible, pour juguler la contagion de ses idées au sein d’autres
forces politiques et dans la société. Ainsi éviterons-nous que, du haut de son
score, elle soit consacrée « opposition officielle » par les
apprentis sorciers qui croient éterniser leur domination en laissant grimper le
FN. Si tel est le cas, Emmanuel Macron – choisi – par défaut pour éviter un tête-à
tête Fillon-Le Pen par une majorité de ses électeurs – ne pourra se targuer d’une
acceptation générale de son programme. L’avenir pourra alors se frayer d’autres
voies.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire