" Combattre ", l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
Alors que se profile l’élection
la plus importante qui installera au Parlement celles et ceux qui voteront les
lois de la République, difficile de croire que tout soit déjà joué, plié comme
du papier mâché. Le nouveau chef de l’État peut parader autant qu’il veut dans
le pas de son mentor Hollande, la lisibilité de ce qui se passera dans six
semaines est à peu près aussi limpide qu’un marc de café aux petits matins
brumeux. Au moins, une chose s’affirme très clairement après cette séquence
politique digne, d’un tremblement de terre : les rendez-vous cruciaux pour
le monde du travail vont s’accumuler à la vitesse grand V. À commencer par le
plus emblématique de tous, annoncé comme la promesse de sang et de larmes :
une sorte de loi XXL, taillée sur mesure pour le Medef… Vous avez détesté le dispositif El Khomri ? Vous allez
honnir ce que prépare l’élu de la finance. Et c’est peu dire : inversion
généralisée de la hiérarchie des normes, priorité absolue laissée à la
négociation par entreprise, référendum à l’initiative des employeurs, refonte
de l’assurance-chômage, plafonnement des indemnités prud’homales, etc. Le futur
hôte de l’Élysée entend aller beaucoup plus loin dans la casse de ce qu’il
reste du Code du travail. Et très vite, puisqu’il compte user d’ordonnances dès
cet été. Nous rêvons légitimement d’une VIème République ; nous
revoilà dans le plein exercice de la monarchie de la Vème. Peut-être
en pire…
Mais, attention ! Le Code du
travail, voilà bien un sujet qui a l’art de déclencher les passions. Macron s’engage
sur un terrain dangereux, le même qui aggrava la fracture idéologique au sein
du PS. D’autant que le monarque de 39 ans, élu par défaut et à peine soutenu,
sur le plan programmatique, par 20% de son électorat, est bien plus faible qu’il
n’y paraît. D’où sa volonté de mener une guerre éclair. C’est la raison pour
laquelle les législatives vont se transformer en mère de toutes les batailles
politiques. Alors, autant le dire : l’espérance d’une nouvelle gauche née
le 23 avril ne saurait être dévorée par des contingences d’apoareils ou des
divisions inconséquentes. L’élan doit se poursuivre, s’amplifier dans le
rassemblement, pour que nous élisions un maximum de député(e)s de résistance. Qui
pourrait, sinon combattre vraiment la régression sociale ?
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