" Solidarité ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !
Au fond, le seul programme du
Front national, qui révèle de manière crue les racines xénophobes de tout son
projet, c’est la préférence nationale. Sa candidate a beau s’en défendre. Il n’y
a rien de républicain dans ce dessein qui précipite le naufrage de la cohésion
sociale, tire un trait définitif sur la notion d’égalité, et fait office de
politique économique. Après avoir frappé les étrangers, ce règne de
discriminations s’en prend aux Français issus de l’immigration, puis aux
Français tout court, militants des droits de l’homme, syndicalistes, artistes,
démocrates…
Marine Le Pen ne protège pas les « perdants
de la mondialisation ». Elle les dresse contre plus perdants qu’eux, ceux
qui fuient la misère, la guerre, et bientôt en masse, les effets du
réchauffement climatique. Le monde qui se trouve à nouveau à l’aube d’immenses
migrations humaines. Il n’a pas besoin de murs mais de solidarité, cette « idée
universelle », disait Victor Hugo, avec laquelle l’humanité devient
invisible. Les passeurs de la Roya qui assistent les migrants dans leur
tragique exil, les enseignants qui prennent en charge les enfants sans papiers,
les élus qui ouvrent des lieux d’accueil, les mille et un petits gestes anonymes
qui viennent en aide aux immigrés, les hébergent, les nourrissent, les
orientent dans leur quête de régularisation, font vivre le devoir de
solidarité.
La mondialisation solidaire, elle
est aussi dans les quartiers populaires, là où on vit ensemble, en
Seine-Saint-Denis, dans le Val-de Marne, départements qui abritent bien des
familles en difficulté mais qui contiennent encore le Front national. Pour combien
de temps ? « L’ivresse nationaliste, c’est détourner les prolétaires
du problème social », écrivait Jean Jaurès. Emmanuel Macron ferait mieux
de puiser dans cette pensée du député socialiste qui paya de sa vie son amour
de la paix plutôt que lui faire injure en instrumentalisant son combat au nom
de la défense des entrepreneurs. Dimanche, le choix de la République n’exonère
d’aucun combat.
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