" Saints sacrements ", l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
Même en politique, chacun
recueille son dû à la hauteur des espérances placées en lui. Ainsi en est-il d’Emmanuel
Macron, qui a reçu hier les saints sacrements de Pierre Gattaz, jamais avare de
mots dans les grands moments de réjouissance. Pour le bien de la finance et du
libéralisme, le monseigneur du Medef ne peut jamais s’empêcher de pousser dans
le dos ceux qui ont contribué à installer, quitte à leur rappeler le droit
chemin de sa bénédiction. Que voulez-vous, le patron des patrons ne tarit pas d’éloges
à l’évocation du tandem Macron – Philippe. Qui s’en étonnera ? Pour M.
Gattaz, le « souci d’ouverture » du nouvel attelage permettrait de « retrouver
de l’espoir ». Mieux, il s’agirait carrément « d’une chance pour la
France de se redresser par des réformes ». Sous-entendu : de vraies
réformes…Si certains s’interrogent encore – mais qui ? sur le sens profond
du macronisme et de ses affidés, les paroles de Gattaz ont au moins le mérité
de sonner comme une alerte. Souvenons-nous que l’homme avait soutenu, sans
réelle préférence d’ailleurs, ou bien François Fillon ou bien Emmanuel Macron. Les
deux en somme… Le ni de gauche ni de gauche du nouveau président convient
parfaitement à l’héritier des barons et des maîtres de forges. Les affaires
sont les affaires. Bientôt nous parlerons de reconnaissance du ventre !
Et très vite, espère-t-il. Le vacarme
sur le « renouveau » et la « recomposition » politique
cache mal la dynamique en règle qui se prépare. À commencer par le laminage du
Code du travail. M. Gattaz, toujours lui, a déjà choisi son camp en appelant le
pouvoir à aller vite sur ce dossier. Les responsables syndicaux, eux, attendent
d’être reçus à l’Élysée pour entamer le « dialogue social »,
mais aucune date n’a encore été arrêtée, contrairement à l’engagement pris par
le chef de l’État. Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, a d’ailleurs
prévenu que les éventuelles consultations ne seraient pas « un alibi ‘’pour
dire çà y est, je les ai vus, je me suis débarrassé des boulets, maintenant je
fais ce que je veux’’ ». aux saints sacrements, version Gattaz, il reste
une parade démocratique : préparer une belle extrême onction au couple
exécutif, les 11 et 18 juin.
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