" Un temps désarticulé ", l'éditorial de Michel Guilloux dans l'Humanité de ce jour !
La droite et la gauche, c’est
fini. Place à l’affrontement du XXIe siècle : progressisme
contre conservatisme. Comment reconnaître l’un et l’autre ? Est
progressiste, nous dit le Petit Robert, « qui est partisan du progrès
politique, social et économique ». Exemple : interdire une salle à
Lyon à Christiane Taubira invitée par un libraire est signe de progressisme de
l’équipe menée par M. Collomb. Est conservateur, nous dit le même, « qui
tend à maintenir l’ordre social existant ». Exemple : Philippe
Martinez est conservateur. Pourquoi ? Parce qu’on vous le dit.
Ainsi il faudrait voter Emmanuel
Macron dès le premier tour comme si on était déjà au second. Et pourquoi ?
Parce qu’« il n’ya pas d’idéologie Macron, c’est un ovni politique qui
vient d’arriver en France », martelait voilà peu un Daniel Cohn Bendit
sorti de sa naphtaline pour nous infliger ses commentaires de matchs de foot
vus du comptoir. C’est fou ce que, de Bernard Kouchner à Alain Minc et François
Bayrou, il en est qui se jugent si indispensables pour servir cette soupe sans
pudeur, depuis quarante, cinquante ans qu’ils fréquentent les allées du pouvoir
avec le succès que l’on peut vivre chaque jour dans ce pays. Ils ne sont pour
rien dans la promotion du FN. Ils ont bonne conscience et toujours raison. Il faut
donc dès le 23 avril barrer la route à Le Pen et défendre le projet d’Europe à
plusieurs vitesses taillé aux mesures exactes des besoins des marchés et de
leurs propriétaires de journaux. Tiens, c’est à peu de chose près ce qu’a redit
hier François Hollande en Conseil des ministres.
Dans cette campagne qui finit par
ressembler à la répétition en boucle d’ « Un jour sans fin » (d’Harold
Ramis avec Bill Murray), une phrase retentit comme un coup de pistolet dans le
concert de musique répétitive : « Une loi de séparation de la
République et de l’argent ». Appel à un VIe république, elle
est de Jean-Luc Mélenchon et s’étale en une de l’Humanité Dimanche, qui en
publie un grand entretien. Aidons le temps à retrouver ses gonds, les mots leur
sens, le peuple sa voix.
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