" Le révélateur de Guyane ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
Hier, la Guadeloupe. Aujourd’hui
la Guyane se révolte. Les départements d’outre-mer subissent avec une brutalité
accrue les politiques d’austérité. Les relents coloniaux accentuent les
inégalités et les populations sont abandonnées à la précarité. Le discoure
contre l’assistanat portés par les milieux dirigeants sert de prétexte à une
inégalité de droits avec les citoyens de la métropole. Santé, éducation,
énergie, transports…les services publics sont réduits à la portion congrue. L’insécurité
sociale – une grande partie de la population vit dans des bidonvilles et 50%
des jeunes sont au chômage – fait naître une violence insupportable qui semble
l’unique objet d’attention des grands médias qui braquent les projecteurs sur
une étrange milice cagoulée, baptisée « les 500 frères contre la
délinquance ». moyennant quoi, la principale mesure réclamée par la droite
et poussée jusqu’à la caricature par Marine Le Pen se limite à la traque des
migrants, l’envoi de troupes ou d’effectifs policiers dans le territoire déjà
le plus militarisé de la République. Cayenne renouerait avec la définition de « vieux
vaisseau transformé en caserne flottante ».
Pourtant, n’en déplaise à
monsieur Macron qui prend le Pirée pour un homme et la Guyane pour une île, le
département dispose d’atouts précieux. Il n’est pas seulement une base spatiale
de rayonnement mondial, mais un territoire aux richesses multiples – et abondamment
pillées – et une tête de Pont vers l’Amérique latine. Tout y réclame une
ambition de développement qui ne doit pas être détournée en défiscalisations
pour les investissements avides.
Après avoir traîné les pieds, le
gouvernement s’est décidé à envoyer des ministres sur place discuter avec les
syndicats et les associations qui sont l’ossature du mouvement social. Un saupoudrage
ne ferait pas le compte. Il faut vite, beaucoup et au profit du plus grand
nombre. Sur ces terres-là comme en métropole.
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