" Où sont les industries ", l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
Pas d’industries sans services
publics et pas de services publics sans industries certains n’y verront qu’un
slogan arraché à des cerveaux archaïques, d’autres comme nous l’avons vu
récemment sous la plume d’un chroniqueur d’un quotidien du soir, une forme de « populisme
industriel »…De l’insulte à la connerie, le libéralisme conduit à tout. Et
même au déni de réalité. Ce sera d’ailleurs le sens de la journée d’action
conduite par la CGT, ce mardi : convaincre que l’industrie doit revenir le
pilier de notre économie, donc, pour y parvenir, s’en donner les moyens et se
doter d’une volonté politique capable d’inverser un processus dramatique. N’en
déplaise au éditocrates, qui ne mesurent la puissance de la France qu’à son nombre d’ogives nucléaires et à son
programme à l’Otan, le poids de l’industrie reste un bon baromètre pour jauger
l’état d’un pays comme le nôtre. Prenons trois chiffres donnés par le même
quotidien du soir, pas plus tard qu’hier (comme quoi). En huit ans, plus de 600
usines ont disparu du paysage national, sachant que cette statistique morbide
est un résultat net entre ouvertures et fermetures. Du jamais-vu. En quinze
ans, sous le joug des actionnaires, un million d’emplois ont été sacrifiés dans
ce secteur. Quant à la part de l’industrie dans la richesse nationale :
25% dans les années 60, 12% aujourd’hui. Résultat, du chômage de masse, un
déficit commercial chronique, des champions nationaux qui passent sous contrôle
étranger, des territoires entiers dévitalisés, avec toutes les conséquences…Bref
une saignée historique.
Il n’y a aucune vision passéiste
du tertiaire à réaffirmer haut et fort que l’industrie crée de véritables
richesses, contrairement aux services et à l’ubérisation de la société. Face au
monde qui vient, face à la robotisation des outils qui pourrait détruire des
millions de postes en France, face aux économies globalisées qui nourrissent la
montée des périls, la nécessité d’un grand projet industriel innovant –
débarrassé des requins de la finance – s’avère d’une urgence absolue. En pleine
campagne électorale, voilà bel et bien une question politique majeure. Ne soyons
pas fous : notre avenir en dépend !
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