« Relecture », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
« Il
est urgent de ne pas se contenter d’une opposition entre un discours moral et
une logique livrée à elle-même. » Dans un entretien publié en 1991, cette
phrase du philosophe Paul Ricœur, dont on a pu dire un peu vite qu’Emmanuel
Macron fut l’élève, pourrait être aujourd’hui. Elle est l’épicentre de la sorte
de secousse qu’a été la démission de Nicolas Hulot. On peut discuter de son
ampleur peut-être, mais les répliques sont à venir et prennent de manière
inattendue une tout autre dimension. D’abord avec la manifestation de ce
samedi, à la suite de l’appel lancé sur Internet par un citoyen tout
simplement, Maxime Lelong qui s’exprime ici même dans l’entretien que nous
publions. On peut aussi évoquer l’appel public d’une centaine d’artistes publié
cette semaine alors même qu’est prévue, samedi également, la Journée mondiale
pour le climat de multiples ONG. La conscience de l’urgence grandit avec le
sentiment que nous entrons dans le brouillard d’une étuve, pour reprendre le
mot de Nicolas Hulot, pour aller droit dans le mur. Il faut changer.
On doute
que la nomination de François de Rugy soit à la hauteur de l’exigence et de l’urgence.
Le discours moral, voire culpabilisateur, à l’égard des comportements
individuels ou même collectifs a de beaux jours devant lui, mais la logique « livrée
à elle-même » continue. On ne résiste pas à citer ici encore Paul Ricœur :
« Ce qu’il faut commencer par contre aujourd’hui net sans tarder, c’est la
critique du capitalisme en tant que système de distribution qui identifie la
totalité des biens à des biens marchands. » Monsieur le président, il
semblerait bien que vous n’ayez pas tout compris. Sauf votre respect, une
relecture s’impose. Le profit, le court terme, le choix des dividendes comme
critères de gestion contre l’utilité sociale nous enfument dans tous les sens
du terme et nous interdisent de penser l’avenir en commun. Les citoyens qui
seront demain dans le rue sont des Gaulois, si vous voulez et si çà caresse
dans le sens du poil ceux qui se reconnaissent en vous et s’imaginent modernes,
mais c’est avec ces citoyens, avec les peuples, que va se construire un monde
où l’on pourra respirer.
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