« LIBRE », L’ÉDITORIAL DE MICHEL GUILLOUX DANS L’HUMANITÉ DE DEMAIN LUNDI
« 401 jours », titrait
vendredi le module accompagné de sa photo que l’Humanité a publié
chaque jour de l’embastillement de Salah Hamouri.
Depuis dimanche matin, deux semaines après que sa femme, Elsa, eut porté
son nom du haut de la Grande Scène de la Fête de l’Humanité, nous savons que
notre participation à la campagne internationale pour sa libération a enfin
porté ses fruits. Un dossier vide est devenu en cinq jours le motif d’une
sinistre lettre de cachet, dès lors que le ministre chargé de la défense a
dégainé le motif de « détention administrative » pour six mois : aucune preuve
à avancer, aucun dossier à fournir, aucun débat contradictoire. Ce ministre,
Avigdor Liberman, a toute sa place dans le gouvernement d’extrême droite de
Benyamin Netanyahou. Les prisonniers palestiniens ? « Je propose de les
transporter en autocars jusqu’à la mer Morte pour les noyer », a-t-il déclaré
un jour. Les citoyens israéliens hostiles à sa ligne de haine ? « Ceux qui sont
contre nous méritent de se faire décapiter à la hache. » C’est donc ce
dirigeant qui a pu décider à son gré de rallonger en février la détention de
Salah de quatre mois, puis de trois mois, fin juin…
À la tribune de l’Assemblée nationale, le nom du jeune avocat
franco-palestinien a enfin été prononcé par une ministre. À celle de l’ONU, le
président de la République a certes fustigé « la loi du plus fort (qui) là
aussi ne fera que renforcer les frustrations et les violences ». Mais « la
solution de deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité avec Jérusalem
pour capitale » qu’il a rappelée n’avancera pas en faisant comme si les deux
camps en présence étaient à égalité. Il a aussi annoncé l’augmentation de la
quote-part de la France aux écoles de l’agence de l’ONU pour les réfugiés
palestiniens. Plus de 300 enfants croupissent derrière les barreaux,
soumis au même régime que Salah. Le nombre des prisonniers politiques
palestiniens s’élève à plus de 6 000. Alors que, en Israël même, la fuite en
avant dans l’apartheid avec la sinistre « loi sur l’État juif » suscite des
remous, il reste encore bien des marges d’action pour les dirigeants français
et européens… La libération de Salah est un encouragement à amplifier le
mouvement d’opinion nécessaire pour faire bouger les lignes.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire