Palestine. Israël tente d’empêcher Ahed Tamimi de venir à la Fête de l’Humanité (Pierre Barbancey)
La jeune fille de 17 ans, qui a passé huit mois en
prison, ne peut sortir de Cisjordanie alors qu’elle a obtenu son visa et doit
participer à la Fête de l'Humanité ce week-end.
Après huit mois de prison, pendant lesquels elle a
tristement fêté ses 17 ans, la jeune Ahed Tamimi, dont le seul crime a été de
s’opposer à la présence de soldats israéliens devant sa maison, devait venir en
Europe et, notamment, participer, le week-end prochain, à la Fête de
l’Humanité. Avec ses parents, visa Schengen obtenu, elle comptait partir jeudi
ou vendredi pour Bruxelles puis se rendre à Paris, à l’invitation de notre
journal et du PCF, pour participer à des débats organisés par l’Association
France Palestine Solidarité (AFPS), avant de partir pour Madrid et être reçue
par le Parti communiste espagnol.
Pour l’heure, elle ne peut honorer ses engagements.
Les autorités israéliennes ont fait savoir à la famille Tamimi qu’elle ne
quitterait pas la Cisjordanie, où elle réside, pour des raisons de sécurité
(sic). S’ajoute à cela la fermeture totale des territoires palestiniens et des
frontières terrestres jusqu’à mardi en raison de la fête juive de Roch Hachana.
Si la protestation ne s’amplifie pas, il est à craindre que les participants à
la Fête de l’Humanité ne puissent pas accueillir Ahed Tamimi, comme cela était
prévu. Pas plus qu’ils ne verront Salah Hamouri, toujours emprisonné.
C’est toute la politique de
Netanyahou qui se dévoile
« Le gouvernement français et le chef de l’État
doivent (…) intervenir pour que Ahed et ses parents puissent voyager librement,
et se rendre à Paris, Madrid et Bruxelles, comme prévu », a immédiatement réagi
le Parti communiste français dans un communiqué. Rien, en effet, ne justifie
une telle mesure si ce n’est l’arbitraire le plus total et la volonté, de la
part des forces d’occupation, que ne soit pas entendue, dans le monde et
singulièrement en France, la voix de celle qui symbolise la révolte de la
jeunesse palestinienne. Quand on voit Ahed, quand on l’entend parler, difficile
évidemment de lui accoler l’étiquette de « terroriste », sauf à tomber le
masque. Pour Israël, est terroriste toute personne opposée à l’occupation et à
la colonisation, qui se prononce pour la création d’un État palestinien. À
travers l’interdiction faite aux Tamimi de se déplacer, c’est bien toute la
politique de Netanyahou qui se dévoile. Au cours du seul mois d’août, 19
Palestinien(ne)s ont été tué(e)s, pour la plupart des jeunes. Même les
personnels médicaux sont visés. Manifester pacifiquement en Cisjordanie ou dans
la bande de Gaza, c’est s’exposer à la mort. Ahmad Aboutoyour n’avait que 17 ans.
Il est mort samedi, après avoir été touché par un sniper israélien dans la
bande de Gaza. La veille, Bilal Moustafa Khafaja, 17 ans également, était
abattu de la même manière.
Cette répression sanglante n’est qu’une des facettes
des orientations du gouvernement d’extrême droite israélien, qui vise non
seulement à tenter d’étouffer dans l’œuf toute révolte, particulièrement celle
de la nouvelle génération palestinienne, celle née au moment des accords d’Oslo
et qui en vit les forfaitures. Une répression qui frappe également, en Israël
même, les associations de défense des droits de l’homme, comme B’Tselem, ou
encore Breaking the Silence, composée d’anciens soldats qui dénoncent les
exactions de l’armée dans les territoires occupés, et même les députés, comme
ceux de la Liste unie, qui participent aux manifestations contre la dérive
d’Israël. Dans son entreprise, Tel-Aviv est plus qu’épaulé par Washington.
Donald Trump vient d’ordonner la suppression d’une aide de 25 millions de
dollars aux hôpitaux palestiniens à Jérusalem-Est.
C’est le cas de la loi dite de l’État-nation, qui
représente un véritable tournant dans l’histoire d’Israël, transformant le pays
en un apartheid de type nouveau, dans laquelle est légitimée la colonisation
passée et à venir : toute nouvelle installation, acceptée ou non par le
gouvernement, est désormais légalisée et protégée par l’armée. Le nettoyage
ethnique en cours vise également les Bédouins, dont un des villages, celui de
Khan al-Ahmar, doit être détruit pour faire passer une route réservée aux
colons. L’arabe n’est plus reconnu comme langue officielle. Cette loi vise, de
plus, à instrumentaliser les juifs du monde entier, faisant d’Israël leur
représentant, leur déniant ainsi leur rôle, leur place et leur nationalité dans
nos sociétés. On comprend mieux pourquoi Benyamin Netanyahou partage les vues
du sinistre premier ministre hongrois, Viktor Orban !
Les
journalistes harcelés
Le journaliste palestinien Ali Dar Ali a été arrêté et
détenu depuis le 15 août pour avoir posté une vidéo montrant l’armée en
opération dans un camp de réfugiés. Mardi, cette même armée a tiré avec des
balles en caoutchouc sur les journalistes venus le soutenir. La Fédération
internationale des journalistes (FIJ) et le syndicat palestinien (PJS)
appellent Israël à cesser « ces crimes qui ne décourageront pas les
journalistes ».
Pierre
Barbancey
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