« CONSTRUIRE UNE FORCE UNITAIRE À GAUCHE » ? JE SUIS POUR ! (FRANCIS WURTZ DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR)
J’ai toujours été hostile à tout ce qui, dans le Parti communiste, tend indirectement, à une logique de tendances. Lorsqu’a été instituée la procédure des « textes alternatifs » dans la préparation de nos congrès, j’avais mis en garde ses instigateurs sur le risque que cela favorise, de fait, l’appauvrissement des débats de fond au profit d’une bataille de « camps » ou, pire, d’espèces de « campagnes électorales » entre dirigeants. Les faits m’ont malheureusement donné raison. Je m’efforce, pour ma part, de m’extraire complètement de ces clivages malsains et d’entretenir avec chaque communiste des relations de camarade à camarade en débattant sans arrière-pensée sur des idées.
C’iest dans cet esprit constructif que je souhaite
aujourd’hui réagir à un courrier dont j’ai été destinataire, comme, je suppose,
de nombreux communistes, avant la Fête de l’Humanité, de la part d’un camarade
qui reprochait à Pierre Laurent d’avoir, en réponse à une question d’un
journaliste sur la place du Parti communiste dans le mouvement social, fait la
déclaration suivante :
Question : « Quelle place souhaite occuper le PCF dans le
mouvement social ? »
Pierre Laurent : « Nous voulons être une force de
proposition, être plus offensifs, plus actifs. Nous voulons travailler à un rassemblement
le plus large possible des forces de gauche mais aussi des forces citoyennes :
pour le développement des services publics, pour de l’investissement social,
pour la transition écologique. La gauche est en reconstruction, personne n’est
sorti indemne de l’offensive Macron. Aujourd’hui NOUS VOULONS CONSTRUIRE UNE
FORCE UNITAIRE, DONT LES FRONTIÈRES SERONT DÉTERMINÉES PAR LES CONTENUS, sans
sectarisme, sans étiquette à priori. Il peut y avoir un rebond. Les forces pour
résister existent. »
Voilà un débat salutaire : y-a-t-il lieu d’être choqué par
l’affirmation de cette volonté ou gagnerions-nous, à l’inverse, à en faire, un
axe majeur de notre stratégie ? Pour ma part, je me retrouve dans la seconde
option. Je suis – de longue date – profondément convaincu qu’il est vital, pour
espérer transformer pour de bon notre société, à plus forte raison pour faire
bouger le molosse européen, de disposer d’un Parti communiste résolument ouvert
au dialogue et à l’action avec toutes les sensibilités progressistes à des
convergences de plus en plus larges, aboutissant, si possible, à des accords
avec d’autres forces de progrès sur des contenus transformateurs. Bref, à se
montrer capables de rouvrir des perspectives crédibles.
J’ai relu, à cet égard, le texte de la « base commune »
adoptée par le CN. On y évoque « une stratégie qui lie indissociablement
initiative communiste et fronts d’unité populaire ». Nous nous y disons «
Pleinement communistes, pleinement rassembleurs pour de nouvelles majorités
politiques ». Il y est proposé « le création d’un forum national politique qui
pourrait poursuivre le débat politique entre les forces disponibles, animer des
campagnes communes, élaborer des constructions programmatiques ou électorales
[…] Tout en favorisant l’unité d’action politique, il laisserait à chaque force
sa pleine et entière liberté d’initiative. »
Je suis persuadé que c’est ce que bien des hommes et des
femmes de progrès, légitimement désemparés par la situation dramatique à
gauche, attendent de nous. Résolument oui : « construire une force unitaire à
gauche », je suis pour !
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