« QUAND PARCOURSUP MENACE L’AVENIR », L’EDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITÉ DE DEMAIN LUNDI
APB ne mérite ni
fleurs ni couronnes. Trop d’étudiants sont restés sur le carreau. Mais
Parcoursup semble plus redoutable encore.
Les enseignants du secondaire et du supérieur le craignaient ; des
centaines de milliers de bacheliers l’ont éprouvé. La liste est interminable de
ceux qui ont finalement jeté l’éponge et renoncé à poursuivre leur chemin à l’université,
ont été enfermés dans des formations qu’ils ne désiraient pas et qui ne leur
convenaient pas, ou ont dû chercher des formations privées et fort chères. Pour
trouver une place, mieux valait habiter les beaux quartiers, ont dénoncé les
lycées de banlieues populaires, exemples à l’appui.
La logique informatique qui semblait mettre chacun sur un pied d’égalité
s’avère un redoutable outil de sélection qui dissimule le refus d’investir dans
l’éducation à hauteur des aspirations des jeunes et des besoins d’une société
qui exige des qualifications toujours plus poussées et une culture suffisamment
vaste pour embrasser les évolutions des métiers. De tout cela, le pouvoir fait
bon marché et ses passages cloutés vers l’emploi sont des sens obligatoires. Jean
Jaurès s’indignait que l’emploi soit considéré comme « une marchandise que les
détenteurs du capital acceptent ou refusent à leur gré »… L’enseignement et la
formation sont la cible du même arbitraire.
Alors que le gouvernement constate que le numerus clausus appliqué aux
études de médecine a causé de redoutables dégâts et participé à la constitution,
de déserts médicaux, c’est la même logique restrictive qui s’insinue au cœur de
l’université. D’autres projets s’esquissent cohérents avec le projet de société
porté par le pouvoir et le Medef. Au fond, Parcoursup est un maillon de cette
logique qui destine un horticulteur à faire la plonge dans les arrière-cuisines
du quartier Montparnasse, à Paris. Et l’accuse d’être responsable de son
mauvais sort. Plus que jamais, le mot de Malraux peut devenir mot d’ordre :
« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert. »
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