« À BON PORT », L’EDITORIAL DE PAULE MASSON DANS L’HUMANITÉ DE DEMAIN MERCREDI
Un bateau, un seul, l’ Aquarius , demande à accoster à
Marseille avec 58 passagers à bord, seulement 58, et un pays, la France,
qui compte 65 millions d’habitants et borde la Méditerranée, lui interdit son
port.
L’équipage n’a qu’à accoster à Malte, a snobé l’exécutif hier ! La morgue
macroniste est sans frontières. Un président digne du pays des droits de
l’homme aurait offert le gîte et le couvert à tous, qui fuient la peur,
cherchent refuge, réconfort et reconstruction d’une vie. Victor Hugo ne disait-il
pas de la solidarité qu’elle est une « idée universelle » ? Au lieu de ça, la
France a accepté du bout des lèvres d’ouvrir ses portes à 18 d’entre eux.
Déjà, en juin et en août dernier, les autorités françaises avaient
refusé d’accueillir l’ Aquarius à bon port, laissant les
naufragés et leur capitaine en errance au milieu de la mer, sans sol, sans
lieu, sans respect du minimum du minimum : le « devoir d’humanité ». Le
scénario d’inhospitalité se répète, alors même que le nombre de candidats au
départ a diminué de près de moitié en deux ans. Le nombre d’« arrivants » en
Europe ne représente même pas 1 % de sa population, mais l’UE s’entête à
vouloir faire des pays du Maghreb les gardiens de ses miradors.
Alors que les vents
mauvais du rejet, du racisme et de la haine soufflent déjà sur le débat
électoral des prochaines élections européennes, la France pourrait ramer à
contre-courant, hisser pavillon sur la poupe de l’Aquarius, accorder au bateau
son passeport de navigation retiré par le Panama, sous pression de l’Italie de
Salvini. Le navire de SOS Méditerranée est le dernier remorqueur civil à
patrouiller sur cette route migratoire, la plus mortelle au monde. Sans
papiers, le navire, dont le port d’attache est pourtant marseillais, sera voué
à l’oubli et ses passagers réduits à sombrer sans témoins dans les profondeurs
du cimetière méditerranéen. Emmanuel Macron va être aujourd’hui décoré par
l’ONU du titre très usurpé de « champion de la Terre ». Pour l’heure, il plonge
la tête la première dans les eaux saumâtres des fossoyeurs des mers.
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