« INTERVENTION CITOYENNE », L’ÉDITORIAL DE JEAN-EMMANUEL DUCOIN DANS L’HUMANITÉ DU LUNDI 10 SEPTEMBRE
L’avenir de la planète, de l’écosystème et du vivant – donc de la
place des êtres humains et, partant, de leur responsabilité anthropologique –
est tout sauf un sujet neutre. Des dizaines de milliers de citoyens, réunis
dans de nombreuses villes de France, viennent d’en apporter confirmation.
Quelle que soit son opinion sur le passage controversé de Nicolas Hulot au
gouvernement, au moins sa démission aura-t-elle donné du crédit à la formule
populaire : « À quelque chose malheur est bon. » D’autant que les manifestants
défilaient derrière une banderole témoignant à elle seule que ce sont bien les
raisons du renoncement de l’ex-ministre qui importaient : « Changeons le
système, pas le climat ! »
Oui, nous vivons dans un monde malade d’un système : le capitalisme,
intrinsèquement incompatible avec les préoccupations d’écologie de
transformation sociale. Disons la vérité. Alors que l’homme blessé Nicolas
Hulot portait un nouveau coup à l’illusion macronienne en expliquant dans le
détail ses échecs, il ajoutait : « Qui ai-je derrière moi ? » C’était une
critique franche et massive envers la société tout entière, une sorte d’appel
au secours qui aura eu le mérite de relancer les mobilisations. Inutile
d’épiloguer. Sans l’intervention des peuples, rien ne nous fera croire que les
États seuls – nous parlons là des mieux intentionnés – résoudront la crise
écologique. Par ailleurs, comment ne pas constater que le mot « écologie »
délivre parfois tous les passeports pour ne rien changer, que ce soit
l’écologie libérale inscrite au cœur du marché, l’écologie actrice de compromis
inopérants, sans parler de la social-écologie, cette sorte de fusion avec une
partie de la social-démocratie et ses cortèges de renoncements. À commencer par
le principal : la rupture avec le capitalisme et la finance…
Nous sommes meurtris
par les égoïsmes systémiques des maîtres de l’économie globalisée, leur
immoralité foncière, leur méconnaissance des lois humaines fondamentales qui
les poussent dans les logiques destructrices du capital. Bâtir un nouveau monde
– un vrai – suppose une nouvelle ère de l’humanité. Se développer autrement,
produire autrement, consommer autrement. Et puis éradiquer les inégalités
sociales et environnementales.
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