« Tangible », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Noli
me tangere, « ne me touche pas », aurait pu dire le pape en reprenant
les paroles du Christ à Emmanuel Macron lui mettant la main sur l’épaule avant
de lui taper sur la joue. Donald Trump ou le pape, il est comme çà, un peu
comme un ado au Mont-Valérien, monsieur le président devenu chanoine. Et donc c’est
habité par une rencontre empreinte d’une profonde spiritualité qu’il s’en est
pris aux complices des drames en Méditerranée. Non, pas l’égoïsme des grandes
puissances, pas les fauteurs de guerre, pas ceux qui spéculent derrière leur
écran sur le blé ou le riz, pas ceux qui possèdent la moitié du monde quand des
centaines de millions d’humains n’ont rien. Non, les ONG, les organisations
humanitaires, qui à la fin « font le jeu des passeurs ». Pris au
piège de sa propre politique, Emmanuel Macron semble taper de partout. Le gouvernement
italien certes « cynique et irresponsable », la lèpre populiste en
Europe, maintenant les ONG.
Tout
cela parce que la France d’Emmanuel Macron se refuse à mettre sur pied une
politique d’accueil digne de ce nom, à l’échelle des urgences du monde, et
durcir au contraire sa politique (anti)migratoire. Tout cela parce qu’Emmanuel
Macron joue les humanistes sur la scène européenne et dans le bureau du pape
mais se défausse sur les autres et n’envisage pas réellement une autre Europe
que celle d’aujourd’hui.
On peut
déjà prédire qu’à l’issue du sommet des 28 qui s’ouvre aujourd’hui, il trouvera
les mots pour incriminer ceux qui n’entrent pas dans ses visions. Mais la
réalité, c’est que l’Europe ne combattra pas les populismes sans les peuples et
que cela appelle d’autres politiques que celles des marchés, du dumping social
et fiscal, du mépris de ceux qui n’ont rien, de la précarité généralisée, de la
casse des services publics. La démagogie et le populisme qu’à certains égards
il pratique lui-même – qu’on pense au « pognon de dingue » – sont les
soupapes de décompression du capital. Les moulinets d’Emmanuel Macron sont le
signe le plus tangible qu’il ne veut pas y toucher.
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